En prélude à la Journée mondiale de prévention du suicide, célébrée chaque 10 septembre, l’International Youth Fellowship-Cameroun, en partenariat avec l’Association camerounaise de prévention et de lutte contre le suicide, a organisé une conférence sur un phénomène de plus en plus préoccupant.
Les cas de suicide rapportés dans les journaux sont devenus récurrents, traduisant une détresse croissante au sein de la société. Entre rêves brisés, perte d’un proche ou déceptions amoureuses, les raisons varient, mais les conséquences restent tragiques : des familles plongées dans la consternation et des communautés désorientées. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le taux de suicide au Cameroun est passé de 4,9 pour 100 000 habitants en 2012 à 12,2 en 2016, avec une prévalence plus marquée chez les hommes (17,1 contre 7,4 pour 100 000 habitants chez les femmes).
Ces chiffres traduisent l’urgence d’agir, non seulement par la sensibilisation, mais aussi par une prise en charge adaptée des personnes vulnérables. « Le suicide, parlons-en pour mieux le prévenir », tel était le thème central des échanges. Les experts en santé mentale présents ont souligné l’importance de reconnaître les multiples facteurs à l’origine des comportements suicidaires : addiction aux drogues, conflits, catastrophes, sentiment d’isolement, et bien sûr, dépression et stress non traités.
Le suicide reste un sujet entouré de stigmatisation et d’incompréhension. Dans plusieurs cultures, il est considéré comme une transgression, alimentant le silence et freinant l’accès à l’aide nécessaire. Historiquement, les rites pratiqués autour des suicidés témoignent de ce rejet, qu’il s’agisse de leur exclusion des rites religieux ou des procès symboliques organisés à leur encontre.
Aujourd’hui encore, ce poids culturel dissuade de nombreuses personnes ayant survécu à une tentative de suicide de rechercher un soutien. Pourtant, la prise en charge psychologique s’avère cruciale pour les aider à surmonter leurs difficultés. Consulter un spécialiste, qu’il s’agisse d’un psychologue, d’un psychiatre ou d’un psychanalyste, peut faire la différence dans les moments de vulnérabilité mentale.
Pour inverser cette tendance alarmante, une approche globale et multisectorielle s’impose. Les efforts de prévention du suicide doivent s’appuyer sur une coordination étroite entre les secteurs de la santé, de l’éducation, de la justice et des médias. La sensibilisation du grand public, la formation des professionnels de la santé mentale, et l’instauration d’un dialogue ouvert au sein des familles et des communautés sont autant de leviers essentiels.
En somme, lutter contre le suicide nécessite une mobilisation collective. Parler de ce fléau, reconnaître la détresse de ceux qui en souffrent, et offrir des solutions concrètes sont des actes indispensables pour bâtir une société plus solidaire et résiliente.