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Violences conjugales : pourquoi les femmes gardent le silence?

Les violences conjugales sont en nette progression au Cameroun. Entre 2019 et 2020, au moins 130 femmes sont mortes sous les coups de leurs conjoints et 60 % de femmes sont victimes de violences conjugales, selon la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés. Des statistiques alarmantes dans une société patriarcale où la justice ne joue pas toujours son rôle, les associations de défense des droits des femmes dénonçant la corruption de certains magistrats et l’absence de sanctions.

La lutte contre les violences conjugales semble être une préoccupation constante des pays africains qui s’efforcent depuis quelques années de reconstruire pour les femmes une citoyenneté garantissant leur dignité. Ces pays ont déjà compris que l’atteinte à l’intégrité physique, psychologique et morale ne saurait continuer à se justifier par des habitus socioculturels ou historiques. C’est le cas du Cameroun qui, à l’occasion d’une Journée internationale de la femme, a choisi pour thème de réflexion : « Hommes et femmes ensemble pour lutter contre les violences faites aux femmes. » Ce thème qui revient après une vingtaine d’années d’actions et de mesures spécifiques montre combien le phénomène de la violence contre les femmes est persistant au Cameroun. La volonté politique semble s’essouffler face à des résistances socioculturelles qui bravent les dispositions pénales les plus répressives. D’où l’urgence à envisager une perspective plus psychologique qui, au-delà de la traditionnelle résistance au changement, rende compte de la persistance de la violence contre les femmes.

Briser le silence

Dans un message le 4 juin 2021, la Minproff, Marie Thérèse Abena Ondoa, appelle les victimes à dénoncer leurs bourreaux :« Aux survivantes des violences, je demande de briser le silence, de parler des violences qu’elles subissent au quotidien afin de recevoir un accompagnement approprié », car a-t-elle ajouté. « La vie de tout être humain est sacrée et rien ne vaut la vie. Quelles que soient les circonstances et les raisons, rien ne doit nous conduire à ôter la vie à l’autre ».

La société interpellée

Marie-Thérèse Abena Ondoua, a également indiqué que c’est à la société entière de se mobiliser pour combattre ce phénomène. « J’en appelle une fois encore à la responsabilité des familles au sein desquelles il importe de cultiver, plus que jamais, les valeurs de tolérance, de respect mutuel, de dialogue, de paix et d’amour. Je sollicite également le soutien des officiers d’état civil, des leaders traditionnels et religieux, des leaders d’associations, pour s’investir davantage, aux côtés des familles, dans l’éducation des populations. Je ne saurais, enfin, oublier le rôle primordial de la justice dans la répression de ces actes, condamnés par divers instruments juridiques de notre pays». En somme, un changement de mentalité s’impose afin de restaurer sa dignité à la Femme. Un droit, des plus élémentaires.

E.M

 

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