Une autre voie financière s’installe lentement dans les pensées africaines. Éthique, inclusive, stable, la finance islamique se présente comme une réponse contemporaine aux défis structurels des économies en transition. Son ascension repose sur une philosophie ancienne, mais ses promesses se dessinent avec la netteté d’un avenir en mouvement. À l’initiative du Cabinet Aifc, spécialistes, institutions publiques, compagnies d’assurance, acteurs académiques et opérateurs du secteur se sont réunis pour en explorer les contours et les opportunités.
Déjà intégrée dans les systèmes économiques de plus d’une cinquantaine de pays, cette forme de financement repose sur des principes rigoureux : interdiction de l’intérêt, partage équitable du risque, ancrage dans l’économie réelle. Entre 2012 et 2019, les actifs concernés ont progressé de 63 %, selon les chiffres d’un organisme multilatéral spécialisé. Les prévisions évoquent un seuil de 3 700 milliards de dollars en 2024, preuve tangible d’un engouement global.
Au Cameroun, les collectivités territoriales, souvent contraintes par des ressources insuffisantes, pourraient trouver dans cette alternative un levier précieux. Encore marginal, le recours à ce mécanisme pourrait pourtant renforcer l’autonomie des structures locales, favoriser l’investissement productif, et impulser un modèle de développement plus équitable. Le thème retenu, centré sur la contribution de la finance islamique au progrès durable des entités décentralisées, résonne avec pertinence.
Les échanges ont permis de mieux comprendre un modèle parfois perçu à tort comme réservé à une confession. Or, cette approche s’ouvre à tous, sans distinction de croyance, et fonde son efficacité sur la confiance, la transparence et la solidarité. En rompant avec les logiques spéculatives classiques, elle propose une dynamique fondée sur l’équilibre, la responsabilité et la durabilité.
Dans un contexte national marqué par une volonté de diversification des sources de financement, cette opportunité mérite d’être considérée avec attention. En encourageant une fiscalité adaptée et en accompagnant les acteurs vers une meilleure appropriation des outils existants, les décideurs peuvent contribuer à faire de la finance islamique un allié discret mais décisif de la transformation territoriale.