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Cameroun-Association des jeunes experts sur les questions foncières :Une première assemblée générale pour fixer le cap des actions sur la gouvernance foncière

Rassemblés entre présences physiques et échanges virtuels, au cœur du département de sociologie de l’Université de Yaoundé I, les membres de l’Association des Jeunes Experts Fonciers (AJEF) ont esquissé les fondations de leur engagement commun. Entre rencontres, débats et ajustements, les statuts ont pris forme, portés par une volonté partagée : celle d’agir pour une gestion foncière plus juste et plus transparente.

Le journaliste polonais Ryszard Kapuściński l’écrivait avec justesse : « La terre des ancêtres est un concept sacré en Afrique, c’est un lieu désiré, magnétique, source de la vie. » Plus qu’un simple espace, la terre est mémoire et avenir, ancrage et promesse. Pourtant, au Cameroun, cette précieuse ressource devient le théâtre de conflits incessants : environ 75 % des litiges administratifs y sont liés, conséquences d’une pression croissante des investisseurs et des spéculateurs. Au fil des ans, des terres fertiles ont glissé des mains de leurs gardiens traditionnels vers celles de puissances économiques, fragilisant encore davantage les communautés rurales, en particulier les jeunes et les femmes, souvent relégués aux marges du droit.

Dans le sillage de la réforme foncière initiée en 2011 par le Chef de l’État, l’AJEF entend jouer sa partition. Son engagement ? Promouvoir une gouvernance foncière qui conjugue équité et modernité, enracinée dans les réalités socioéconomiques locales. « L’AJEF est née de la volonté de fusionner nos efforts pour lever les obstacles à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes spécialisés dans le foncier, où seulement 15 % d’entre eux parviennent à décrocher un emploi après l’université », explique Biyo’o Zoa, son président. Un constat amer, formulé lors d’un séminaire organisé au Mérina Hotel par NELGA, qui a renforcé la détermination de ces jeunes experts à structurer leur action.

Déjà, sur le terrain, les premiers jalons sont posés. En mars dernier, une mission exploratoire a conduit l’association jusqu’à Okok II, un village niché dans l’arrondissement d’Evoudoula. Objectif : diagnostiquer les défis d’accès à la terre pour les jeunes et les femmes, et esquisser des solutions. Ce n’est qu’un début, un premier pas sur un long sentier semé d’embûches. À travers des campagnes de sensibilisation et d’éducation, l’AJEF ambitionne de bâtir un modèle où la terre cesse d’être un enjeu de prédation pour redevenir un levier d’émancipation.

Mais le combat ne s’arrête pas là. Déforestation, érosion, épuisement des sols : la dégradation des ressources naturelles est une autre ombre portée par l’insécurité foncière. Géographes, juristes, cartographes, anthropologues et sociologues, réunis sous la bannière de l’association, entendent œuvrer pour un équilibre durable entre développement et préservation. Un engagement qui dépasse les frontières camerounaises : à peine lancée, l’AJEF a déjà su convaincre. « Nous avons répondu à un appel à projet international et notre expertise a été retenue par YILA International, en partenariat avec l’Union africaine et l’International Land Coalition. Les résultats seront bientôt présentés aux bailleurs de fonds », se réjouit un enseignant-chercheur en géographie.

Ainsi, portée par la passion et l’expertise, l’AJEF trace son sillon. Un sillon qui, loin d’être une simple ligne sur un cadastre, porte l’espérance d’un avenir où la terre, ce bien si précieux, appartiendra d’abord à ceux qui la cultivent, la chérissent et en vivent.

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