La Concorde Actu

Toute l'actualité du Cameroun

André-Marie Mbida : la mémoire relevée d’un État en germe

Quarante-cinq années se sont écoulées depuis que s’est éteinte la voix d’André-Marie Mbida, premier chef de l’État camerounais, mais son empreinte continue d’irriguer les sillons de l’histoire nationale. À Yaoundé, le 2 mai 2025, une conférence s’est tenue au Musée National, réunissant chercheurs, penseurs et passionnés désireux de relire les actes d’un pionnier trop souvent relégué à l’ombre. Le 4 mai, une messe solennelle sera dite à Efôk, village natal du défunt, pour rappeler aux vivants que certaines mémoires ne s’effacent qu’avec l’oubli.

À l’initiative de Simon Pierre Omgba Mbida, diplomate et fils du disparu, ce cycle commémoratif entend revisiter l’œuvre de celui qui, avant les drapeaux et les hymnes, croyait déjà en une nation debout. Artisan d’un nationalisme mesuré, Mbida voyait dans l’autonomie progressive la voie d’une libération stable, loin des tumultes et des slogans. Par son engagement, il a contribué à dessiner les fondations d’un édifice républicain encore en chantier mais porteur d’espérance.

Animée par Pr. Jean-Emmanuel Pondi, la rencontre a permis de superposer les angles de lecture, révélant la richesse d’un parcours souvent réduit à des caricatures.

Pr. Joseph Vincent Ntuda Ebodé a évoqué les clivages idéologiques de l’époque, entre rupture immédiate et émancipation concertée. Refusant la brutalité des extrêmes, Mbida s’est positionné dans un entre-deux stratégique, proposant une voie lucide face à la radicalité de l’UPC sans jamais trahir l’exigence de dignité.

Pr. Joseph Ndzomo Molé a pour sa part rappelé que Mbida, en écartant Louis-Paul Aujoulat, avait évité au Cameroun une tutelle prolongée sous des apparences réformées. Loin des honneurs, il a jeté les premiers jalons d’un État en devenir : la devise, les armoiries, le drapeau portent encore la trace d’une pensée soucieuse de cohérence et de symboles. Cette vision, discrète mais structurante, a servi de socle à l’organisation du pouvoir exécutif.

Si Aujoulat fut salué pour ses élans humanitaires, sa posture favorable à l’Union française fut longuement discutée. L’opposition qui l’a opposé à Mbida fut autant politique que philosophique : deux conceptions du devenir, deux conceptions du respect. À travers cet affrontement, Mbida paya le prix fort de sa constance, victime d’une machination où se mêlèrent exclusion, procès et silence. Pourtant, il resta fidèle à ses idéaux, tenant bon face aux pressions.

Pr. Cécile Dolisane Ebossé, dans un éclairage empreint de lyrisme, rapprocha Mbida de Césaire. Tous deux, mus par une foi exigeante, ont refusé le renoncement. L’un, enraciné dans l’Afrique chrétienne, l’autre, poète des Antilles décolonisées, ont porté la parole des peuples sans voix, guidés par l’éthique plus que par la conquête. Cette parenté inattendue met en lumière l’universalité des engagements sincères, au-delà des continents et des liturgies.

Enfin, Pr. Jean-Paul Messina a évoqué le jeune séminariste devenu homme d’État, soulignant la continuité entre les aspirations spirituelles et l’action politique. Chez Mbida, la foi n’a jamais été une affaire privée : elle nourrissait une exigence de service, une rigueur d’âme, une soif d’instruire et d’élever. Le savoir, pour lui, n’était pas une parure, mais un flambeau tendu à la génération suivante, celle qu’il espérait libre, éduquée et responsable.Dr. Jean Chrysostome Bilobé Ayissi

 

Dr. Alvine Assembe Ndi

Dr. Jean Chrysostome Bilobé Ayissi

Victor Bella

Dr. Tomo Ndjobo

.

.

.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *