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Cultiver la résilience : l’Afrique centrale et de l’Est entre défis et perspectives

L’Afrique centrale et de l’Est, riches de leurs ressources et de leurs talents, se sont retrouvées pour repenser leur destinée économique. Près de 200 experts, gouvernants, acteurs privés et universitaires ont échangé sur la nécessité d’accroître les capacités productives, de réduire la dépendance aux importations et d’ouvrir de nouveaux horizons pour les exportations. « Chaque année, nous organisons une réunion d’experts de haut niveau réunissant gouvernements, entreprises et universitaires. Ce cadre nous permet de présenter nos rapports, d’obtenir le retour de nos partenaires et de discuter des perspectives pour l’année à venir », confie le Dr Jean-Luc Mastaki.

La rencontre a été pensée comme un carrefour de savoirs et d’expériences, où l’échange nourrit la transformation structurelle. « Il s’agit d’une rencontre conjointe : nos bureaux partagent les expériences, comparent les situations macroéconomiques et les défis rencontrés, et explorent comment apprendre les uns des autres pour accélérer la transformation économique du continent », précise le directeur. L’accent repose sur la diversification, l’industrialisation et la valorisation des ressources locales, dans une quête de compétitivité et de durabilité.

Si la croissance positive marque l’Afrique centrale, elle demeure fragile face aux fluctuations des produits de base. « La croissance en 2024 s’est établie autour de 4 %. Pour la période 2025-2027, nous projetons une moyenne de 3,5 % par an. Toutefois, comparée à l’Afrique de l’Est, notre progression reste plus volatile en raison de la dépendance au pétrole », souligne le Dr Mastaki. Les chiffres révèlent des contrastes : les exportations en volume dépassent celles de l’Est, mais le commerce intra-régional ne représente que 2 %, alors que l’inflation atteint 15,9 %, pesant sur les populations vulnérables.

Pour répondre à ces défis, la transformation locale des matières premières constitue un levier essentiel. « Il nous faut produire des biens et services de manière compétitive. L’industrialisation et la transformation locale sont cruciales, tout comme l’identification de nouvelles niches économiques. Cette année, nous avons lancé des initiatives dans l’économie bleue, notamment la pêche et l’exploitation forestière, offrant des opportunités d’emploi et de transformation locale, particulièrement au Cameroun », précise le Dr Mastaki. La priorité est de passer des intentions à l’action, afin de bâtir un avenir tangible et inclusif.

Les stratégies discutées ont mis en lumière l’importance des chaînes de valeur régionales, l’investissement dans le capital humain, l’amélioration des infrastructures et la digitalisation des économies. Ces instruments offrent des leviers pour stimuler le commerce intra-régional et consolider la compétitivité. Selon le directeur, « notre mot d’ordre est clair : nous sommes dans la décennie de la diversification économique. Investir dans la production et le commerce est la clé pour bâtir un avenir résilient ».

Les échanges ont aussi exploré la sécurité alimentaire et l’adaptation aux crises climatiques. La coopération interrégionale se révèle indispensable pour partager expériences, mutualiser ressources et aligner politiques. Les participants ont identifié des priorités allant de la sécurité énergétique à la gestion durable des ressources naturelles, en passant par la promotion des technologies numériques et l’innovation industrielle. Chaque initiative vise à renforcer l’intégration régionale tout en stimulant la création de valeur et l’emploi.

L’économie verte, bleue et numérique s’affirme comme un horizon pour les deux sous-régions. Les projets concrets dans l’agro-industrie et la transformation des produits forestiers traduisent l’ambition de transformer les ressources en prospérité et en opportunités. « Il est crucial de passer des idées à l’action et de mettre en œuvre les stratégies existantes pour transformer nos économies de manière tangible », rappelle le Dr Mastaki. La vision partagée consiste à bâtir des systèmes capables de résister aux chocs et de créer un futur harmonieux, où chaque potentiel local trouve sa place.

Les dialogues ont mis en avant l’investissement dans le capital humain comme moteur de la croissance. La formation, le renforcement des compétences techniques et la promotion de l’innovation sont essentiels pour soutenir l’industrialisation et diversifier durablement les économies. L’attention portée à la coopération, à l’échange de savoir-faire et à la mise en œuvre de projets structurants reflète une volonté de tracer un chemin clair vers un développement résilient et inclusif.

Enfin, les discussions ont souligné l’importance d’un suivi précis des initiatives et de l’évaluation des impacts. L’adoption d’indicateurs fiables permet de mesurer les effets des politiques, d’ajuster les trajectoires et de garantir que les efforts produisent des résultats concrets pour les populations. Selon le Dr Mastaki, « miser sur nos capacités productives et sur les opportunités de la ZLECAf permet d’ouvrir la voie à une transformation durable, inclusive et équitable ». Chaque action entreprise, chaque projet lancé, participe ainsi à écrire le récit économique d’une Afrique centrale et de l’Est résiliente et créative.

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