La cérémonie qui a réuni un parterre impressionnant de personnalités a eu lieu ce mercredi 12 octobre au Hilton hôtel de Yaoundé.
Un joyau littéraire agréable à lire sur chaque page, agrémenté des tournures phrastiques et poétiques extraordinaires. Un témoignage emprunt d’une philosophie sur la manière de servir dans la plus haute administration où seul l’intérêt de l’État doit prévaloir. Loin d’être un trophée, cet opuscule est une ode au patriotisme pour un avenir meilleur. En 251 pages l’auteur restitue en 9 chapitres à la mémoire collective, la grâce particulière qu’il a reçu de la providence d’avoir été un haut commis de l’Etat qui a pu se livrer à un exercice d’équilibriste dans un environnement difficile. Le titre de l’ouvrage peut donner le sentiment que l’on est en présence d’un livre de révélations interdites. Il faut bien se garder des apparences ! L’ expression « Arène » employée ne renvoie pas au Colisée de Rome où l’on se battait à mort contre un ennemi déterminé. Elle est savamment employée dans ce contexte-peut-être à des fins marketing-pour situer la difficulté qu’appelle de servir dans un environnement où l’on est hostile à toute volonté d’embrasser la culture ambiante de médiocrité et de clientélisme.
Dans cette arène, il ne s’agit donc pas de vaincre ou de mourir, mais de survivre en restituant à la société ce qu’elle a de plus précieux, les valeurs éthiques et déontologiques. C’est cette dynamique qui explique le sous-titre sous forme d’un Janus présentant à la fois des ombres sans les dépouiller de leurs vertus d’espérance. Le livre est subdivisé en deux parties. La première trace le parcours administratif de ce haut fonctionnaire audacieux, qui n’hésita pas, étant encore sur les bancs du lycée, à participer à un concours d’écriture de la radio Africa numéro 1, mais qui ne sera recalé qu’en raison du dépassement de 3 mois de l’âge limite de participation. L’ audace de la jeunesse qui a dicté ses choix a conduit l’auteur à mettre un terme à une carrière universitaire prometteuse, pour se consacrer au service public, en bravant haut la main, les concours d’entrée et de sortie de l’École nationale d’Administration et de Magistrature. Son affectation dans les services du ministère de l’Administration territoriale relève davantage de la volonté de sactionner ce jeune fougueux, disruptif dès les premiers pas de sa vie professionnelle. Cette affectation qui paraissait constituer une sanction ne sera rien d’autre, que le début d’une longue et riche carrière administrative marquée par des rencontres inoubliables de l’auteur avec deux figures de l’histoire administrative camerounaise, les ministres Gilbert Andzé Tsoungui et Ferdinand Koungou Edima, auxquels il est rendu un vibrant hommage empreint de gratitude et d’affection non feinte. Les détails de cette collaboration magnifiant l’excellence du vivre-ensemble que nous appelons de tous nos vœux, entrainent le lecteur qui revisite de l’interieur, le vécu des élections municipales et législatives du 23 juin 2002 reportées de justesse au 30 juin 2002.
La préférence pour le témoignage des archives, plutôt que l’expression des jugements de valeur, renseigne suffisamment sur les immondices ayant heurté de plein fouet le ministre Ferdinand Koungou Edima contraint d’essuyer une larme, pour garder sa dignité, après avoir été démis de ses fonctions. L’on découvre au travers des lignes, un administrateur sentimental mais incroyablement pugnace en ce qui concerne tant la défense des intérêts de l’État en justice, que de ses intérêts tout court. Son pied de nez aux défenseurs de la philosophie défendue par les bailleurs de fonds lors des programmes d’ajustement structurel, nous révèle les facettes sombre de cette haute administration pusillanime qui se refuse à mettre les mains dans les cambouis pour sauve- garder la fierté et la dignité de l’État. En service à l’époque des faits dans les services du Premier ministère, sa détermination à conduire les programmes de privatisation des sociétés REGIFERCAM et surtout de CAMTEL MOBILE dans le seul intérêt de l’État, a permis d’atteindre des résultats honorables à la grande satisfaction de la haute hiearchie.
La seconde partie quant à elle, est consacrée à la vie politique de l’auteur, d’abord en qualité de ministre des Forêts et de la Faune durant près de sept années où il a, fidèle à son habitude, entendu faire prévaloir le droit au risque de recevoir en pleine figure des menaces sérieuses de hauts responsables de la République, deçus de trouver en lui un légaliste intransigeant. La facette la plus intéressante de ce séjour ministériel est celle des opportunités renouvelées du Chef de l’État, l’invitant à s’expliquer sur les multiples accusations infondées qui se multipliaient contre lui. Aucune d’elles n’a résisté à ses explications, ce qui semble justifier la longévité qui a été à la sienne à cette fonction plutôt délicate.
Cette riche expérience politique permet à l’auteur de poser un regard sur l’un des enjeux majeurs de l’administration à savoir, l’informatisation des services publics dans le double contexte de l’existence d’une compétence locale souvent méprisée et celui de l’aléa moral qui amène à rechercher toujours le gain individuel en sacrifiant à l’intérêt général. Les recettes proposées qui tendent toute à une véritable maîtrise d’oeuvre transpirent la volonté de l’auteur d’inviter à redoubler de vigilance à l’heure de la mondialisation où le tout numérique peut devenir un piège présenté sous la forme d’une solution miracle.
Le livre du ministre Ngole apporte de la fraîcheur à notre jeunesse en l’engageant à ne jamais ceder le pas au découragement, chaque fois que l’entreprise est adossée sur la recherche de l’intérêt général. Son itinéraire renseigne sur la disponibilité d’âmes disposées et met en garde sur les dangers du repli identitaire qui sont de véritables poisons pour la construction de notre pays. Les soubresauts de la vie administrative et les imprécations de quelques zélés ne peuvent résister à la stricte application du droit ainsi que le renseigne avec bonheur sa réponse adressée au Contrôle supérieur de l’État dans une sombre dénonciation s’étant avérée finalement être un pétard mouillé.
La richesse de l’écriture de l’auteur, en principe de culture anglophone, mais qui signe un ouvrage dans un français plus qu’excellent, assène un coup à tous celles et ceux qui veulent faire commerce de la division pour exister dans un environnement multiculturel où la tolérance mériterait d’être le leitmotiv.
E.M