Réuni à Yaoundé dans le cadre de son deuxième point de presse sur la couverture médiatique de la campagne présidentielle du 12 octobre 2025, le Conseil National de la Communication (CNC) a présenté, ce 10 octobre, un rapport d’étape sur le respect des principes d’équité et de pluralisme dans les médias camerounais. À mi-parcours du scrutin, l’organe de régulation salue plusieurs avancées tout en pointant des manquements persistants.
Depuis le 2 octobre, date du premier point de presse, les exhortations du CNC à l’endroit des médias ont été globalement suivies, notamment en ce qui concerne la limitation de la parole aux seuls candidats ou à leurs représentants dans les émissions de campagne. Cependant, le Conseil a relevé de nouvelles irrégularités, aussi bien dans les médias classiques que sur les plateformes numériques.
Infractions et rappels à l’ordre
Parmi les cas signalés, figure la retransmission en direct par « Sud FM/TV » des meetings d’un parti politique dans le cadre de son émission « Carrefour », sans garantie d’un traitement équitable pour les autres formations. De même, la participation de membres de la société civile à des émissions de décryptage électoral sur « Canal 2 International » a été jugée non conforme à la réglementation. Le CNC a également dénoncé la diffusion sur les réseaux sociaux de contenus à caractère haineux, d’actes de vandalisme ou de propagande négative, impliquant notamment des activistes sur TikTok et Facebook.
Face à ces dérives, le Conseil a réaffirmé sa détermination à appliquer, le cas échéant, les sanctions prévues par la loi. Il a rappelé aux promoteurs des médias la nécessité d’une stricte neutralité, gage de crédibilité et de cohésion nationale.
Les radios communautaires rappelées à leur vocation
Le déploiement des équipes de monitoring dans les dix régions du pays a permis d’identifier plusieurs écarts au sein de radios communautaires, notamment « Fussep FM », « Bafung Babadjou », « Nkul Akono », « Info Château d’Eau » ou encore « For You Africa ». Certaines de ces stations ont diffusé des programmes à caractère politique ou des émissions de propagande en langue locale, en contradiction avec leur mission apolitique. Le CNC a tenu à rappeler que ces radios, par essence communautaires, ne sont pas habilitées à relayer des activités partisanes, même en période électorale.
Répartition du temps d’antenne dans les médias publics
Le rapport du CNC présente également un tableau synoptique de l’occupation du temps d’antenne par les douze candidats en lice. À la télévision publique, aucun candidat n’a encore épuisé son quota réglementaire de 75 minutes, à l’exception du RDPC, légèrement au-delà du temps imparti. Les autres formations, telles que le SDF, le PCRN, l’UNDP ou le FSNC, affichent des temps d’antenne oscillant entre 40 et 52 minutes. À la radio, la tendance est similaire, avec un dépassement enregistré pour le RDPC, tandis que les autres candidats conservent encore une marge variable de diffusion.
Les médias privés encore en déséquilibre
Dans les chaînes privées, les écarts se révèlent plus marqués. Sur Equinoxe TV, le candidat du RDPC totalise plus de 228 minutes d’antenne dans les émissions de campagne, suivi du FSNC et du SDF. À l’inverse, plusieurs partis restent sous-représentés, à l’instar du PAL, UNIVERS ou du MCNC. Sur Canal 2 International et Dash TV, les chiffres confirment également une disparité notoire, que le CNC attribue en partie à la densité des activités de chaque formation, mais aussi à une gestion inégale du temps d’antenne par les rédactions.
Vers un renforcement de la régulation
En conclusion, le CNC a réitéré son appel à une couverture médiatique équitable, respectueuse de la diversité politique et des règles de déontologie. L’organe de régulation a promis de poursuivre ses contrôles sur le terrain jusqu’à la clôture officielle de la campagne, tout en saluant les efforts des médias qui s’efforcent de maintenir un traitement équilibré de l’information électorale.
Ce deuxième point de presse s’inscrit dans la volonté du CNC de garantir une compétition médiatique saine et transparente, condition essentielle à la crédibilité du processus électoral en cours.