Sous les ors d’une soirée empreinte d’émotion et d’hommage, le Grand Prix Littéraire du Mont Cameroun a dévoilé les lauréats de sa troisième édition. L’événement, marqué par la mémoire de figures disparues, s’est ouvert sur les mots mesurés du Pr George Echu, président du jury, saluant le souvenir du regretté David Abouem à Tchoyi, premier président de cette distinction littéraire, et d’Edmond Mballa Elanga II, disparu lui aussi, dont la présence discrète et efficace avait marqué les esprits. Ces hommages ont donné le ton d’une cérémonie à la fois sobre et grandiose, célébrant la continuité de l’excellence intellectuelle.
Sous l’égide du Ministère des Arts et de la Culture, ce concours s’impose comme une vitrine du bilinguisme et du multiculturalisme camerounais. Conçu pour unir les sensibilités et les voix, il rassemble romans, pièces de théâtre, recueils de poésie et nouvelles, écrits en français, en anglais et en langues nationales. L’édition 2024 a mobilisé seize maisons d’édition venues du Cameroun, d’Afrique et d’Europe, confirmant la vitalité du champ littéraire national. Chaque œuvre soumise a été évaluée par un jury d’éminents spécialistes, choisis pour leur expertise et leur représentativité du vivre-ensemble.
Composé de figures prestigieuses du monde académique et littéraire, le jury a mis en lumière la diversité des talents et la rigueur du processus de sélection. Autour du Pr George Echu, se sont retrouvés des universitaires, écrivains, dramaturges et linguistes, unis par la passion des lettres. Parmi eux, le Dr Evelyne Mpoudi Ngolle, auteure de Sous la cendre le feu, le Professeur Faustin Mvogo, spécialiste des littératures africaines, et le Dr Blandine Manouère Koletou, experte en langues nationales. Ensemble, ils ont su allier exigence scientifique et ouverture d’esprit pour désigner les œuvres marquantes de l’année.
Au terme des délibérations, le palmarès s’est imposé comme un reflet de la richesse créative du Cameroun. Le Prix spécial du roman est revenu à Le Prix de la bêtise de David Engbang, celui de la nouvelle à La fille du Président sera ma femme d’Éric Cheumano Kameni. Le Prix spécial du théâtre a été décerné à Marlyse Rose Douala Bell pour Ma belle-sœur, ma chère rivale, tandis que le Prix des langues camerounaises a consacré Minlôô aa Kun monyan d’Enoh Meyomesse. Le grand lauréat de cette édition, le Professeur Narcisse Mouelle Kombi, Ministre des Sports et de l’Éducation physique, s’est vu attribuer le Grand Prix Littéraire du Mont Cameroun 2024 pour son recueil de poèmes Les Luminaires de l’Espoir, publié aux éditions AfricAvenir.
L’œuvre, véritable ode à la paix et à la fraternité, s’inscrit dans une démarche d’écriture sensible où se mêlent douleur, espérance et amour. À travers une poésie dense et symbolique, l’auteur fait de la parole un refuge face aux blessures du temps. En cinq lunaisons, il explore les ombres et les clartés de l’existence, méditant sur la justice, la mémoire et la réconciliation. Ce couronnement marque également une reconnaissance pour les éditions AfricAvenir, déjà distinguées comme meilleur éditeur du Cameroun en 2023 et 2024.
Dans son allocution, le Ministre des Arts et de la Culture, Pierre Ismaël Bidoung Kpwatt, a rappelé l’importance du livre comme instrument de savoir, de paix et de cohésion nationale. Il a salué le travail des auteurs et des éditeurs, ainsi que la rigueur du jury, avant de rendre hommage à ceux qui œuvrent pour la promotion du patrimoine littéraire camerounais. En évoquant la symbolique du Mont Cameroun, il a souligné que ce prix porte en lui la hauteur, la solidité et la puissance d’un sommet qui inspire respect et admiration.
Le Grand Prix Littéraire du Mont Cameroun s’affirme désormais comme un espace d’expression et de reconnaissance pour les voix qui façonnent l’imaginaire national. En récompensant la créativité et l’engagement des auteurs, il élève la littérature au rang de flambeau de l’unité, reliant les mots, les langues et les peuples dans une même quête de beauté et de sens.