Un colloque inédit de par sa philosophie de son objet qui vise en effet la refondation de la science géographique à trois niveaux, à savoir : la recherche, l’enseignement et l’opérationnalisation des
résultats de la recherche, dans la résolution des problèmes concrets qui se posent à notre société.
La céremonie d’ouverture des travaux présidée par Professeur René Joly Assako Assako a eu lieu le 3 novembre 2022 au sein de l’Ecole Normale supérieure, en présence de la Directrice le Pr Annie Sylvie Beya, du ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle Issa Tchiroma Bakary et du représentant du Recteur de l’Université de Yaoundé I.
Lors d’un forum sur l’emploi à Douala, le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Issa Tchiroma Bakary questionnait l’importance des facultés de Géographie au sein des universités camerounaises dans un contexte socio-économique où le chômage des jeunes est préoccupant. Une déclaration choc qui jeta le pavé dans la mare, entre approbation et désapprobation, les réactions fusaient de partout et chacun y allait de sa sensibilité. Lançait-il un appel a la fermeture de ses filières ? Que non ! Le ministre ouvrait une brèche de réflexion pour une professionnalisation dynamique, inclusive, endogène, particulièrement des enseignements reçus en Géographie, un véritable vivier d’emplois sous exploité, pourtant pourvoyeur de richesses.
Reléguée au rang d’une matière d’enseignement, la géographie porte au Cameroun une image fortement réductrice de la discipline. Elle n’a pas su se « vendre » en s’élevant a la hauteur des tâches qu’elle peut accomplir dans une collaboration plus fructueuse avec d’autres disciplines scientifiques.
Ce premier colloque de la Société Camerounaise de Géographie (SCG) est la preuve que le MINEFOP n’a pas prêché dans le desert. Dans la perspective de mobilisation de tous les acteurs et en particulier des institutions appelées à former les jeunes, le Pr René Joly Assako Assako a répondu présent, il l’a d’ailleurs souligné dans son propos liminaire : « Le Ministre Issa Tchiroma est l’initiateur de cette rencontre ». Il s’agit donc d’une initiative louable, susceptible d’améliorer les conditions de vie des citoyens camerounais en rendant les diplômés plus aptes à s’intégrer aux réalités du marché du travail. « Aujourd’hui, il ne peut plus être question de former les jeunes sans une réelle perspective d’employabilité » a relevé le MINEFOP. Dans cette veine, le thème choisi pour cette pemière édition en dit long sur l’importance du sujet : » Géographier pour créer des emplois et booster le developpement des territoires ». A ce titre, il urge d’afro-endogénéiser la géographie. Cela revient à géographier selon une démarche glocale. Celle-ci consiste en effet, à capitaliser les savoirs, outils et méthodes qui ont fait leurs preuves ailleurs, pour les appliquer, mutatis mutandis, à la résolution des problèmes qui se posent à notre environnement physique, économique, sociétal ou même institutionnel.
Cela suppose aussi, et c’est le point d’orgue de la présente initiative, de sortir des fixités dogmatiques et doctrinales qui ont
embrigadé, entravé et retardé l’éclosion des schèmes de pensée typiquement africains, depuis la soixantaine d’années de l’aventure universitaire des pays africains, anciennement colonies occidentales. Les chercheurs réunis pour le colloque de refondation de la recherche géographique et de l’enseignement de la géographie au Cameroun et en Afrique se positionnent indubitablement comme de divins agriculteurs, qui vont semer, durant deux jours, la graine de la transmutation de la science au Cameroun et en Afrique. Car, à partir de cet exemple, les chercheurs de toutes les autres disciplines pourront non seulement mieux s’organiser en corporations, mais aussi et surtout être les piliers scientifiques de l’action gouvernementale, dans la conduite de la SND30.
E.M