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Cameroun-Don de sang: Le frein des idées reçues

Seulement 94 873 poches ont été collectées en 2018 sur un besoin annuel du pays estimé à 400 000.

Entre ses mains aux ongles vernis, Yolande tient une photo aux extrémités effritées par la moisissure. Une femme vêtue d’une longue robe de soie jaune y sourit à l’objectif. « Ma sœur chérie, morte en janvier 2018 des suite d’ un accident de voiture. Elle n’a pu avoir la vie sauve à cause du manque de sang à lui transfuser », explique d’une voix enrouée, la jeune infirmière d’un hôpital de la place.« On aurait pu la sauver, mais la banque de sang de l’hôpital était désespérément vide », poursuit Alain son petit frère.

Selon les statistiques du Programme national de transfusion sanguine (PNTS), les besoins annuels du Cameroun sont estimés à 400 000 poches de sang pour l’ensemble du pays. En 2018, 94 873 ont été collectées, contre 91 047 en 2017 et 82 661 en 2016. Dans le sud, où les besoins sont évalués à 13 096 poches, seules 767 avaient été recueillies en 2018, soit 5,86 % de ce qui serait nécessaire. Les journaux parlent « de pénurie de sang », voire de « crise du sang », mais le problème est plus
profond.

D’après une étude sociologique réalisée en 2017 par la Société française de transfusion sanguine en collaboration avec le PNTS, plusieurs freins expliquent cette situation : le manque de volonté politique, d’abord ; l’ignorance du public en matière de don de sang, ensuite ; et enfin les barrières culturelles et religieuses. Ces trois freins créent une situation catastrophique. « “Si je donne mon sang, je vais transmettre des péchés”. Voilà ce qu’on entend dans certaines zones, se désole Appolonie Noah Owona, médecin et secrétaire permanente du PNTS. Ou encore : “On va se livrer à des pratiques ésotériques avec mon sang”».

E.M

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