Mbadjock creuset de l’intégration nationale et berceau du vivre ensemble grâce à l’agriculture tant industrielle que vivrière, rendons-nous dans le département de la Haute-Sanaga, région du Centre pour vivre le quotidien des Camerounais arrivés des quatre coins du pays qui cohabitent pacifiquement.
Gaston Ziga a 51 ans affirme qu’il est arrivé à Mbadjock le 15 décembre 1971, Il était alors âgé de 19 ans, 33 ans après le petit village perdu dans la brousse qui l’avait accueilli est devenu un arrondissement moderne, et lui n’est plus un simple cultivateur mais bien le deuxième adjoint au maire. Comme lui, des centaines de Massa ont écouté l’appel du cœur, Ils sont partis du Mayo Danay et d’autres départements, parcourus près d’un millier de kilomètres Pour rallier la vallée du sucre qui avais besoin d’une main d’œuvre abondante et variée. Depuis près d’un demi-siècle, ils vivent à Mbadjock et ont retrouvé des ressortissants du Nord-Ouest, du Sud-Ouest du Grand-Mbam, de la Lekié et ce n’est pas tout. Des cultivateurs des pays voisins sont venus grossir les rangs : gabonais, tchadiens, centrafricains et maliens qui ont vite compris que la terre ne ment jamais. Abdoulaye Moussa raconte le quotidien à Mbadjock, « Je suis à Mbadjock depuis 1995, nous avons bien été accueillis par les autochtones qui sont les Baboutés, nous vivons ensemble en harmonie, c’est déjà une Afrique en miniature. Nous avons des enfants Baboutés, eux aussi ont des enfants Massa, cela veut dire qu’il y a un vivre-ensemble à Mbadjock ». Les terres fertiles de cet arrondissement et celles de l’arrondissement voisin Nkoteng, ne fournissent pas exclusivement du sucre à la nation ou encore à la sous-région, il y a bien plus, « Les Massas font dans les champs maraîchers qu’on appelle vulgairement le kelin-kelin, c’est nous qui alimentons Yaoundé, tous les dimanches et si vous allez au carrefour Melen, Vous y trouverez des femmes qui viennent de Mbadjock avec ces produits vivriers, et parfois au marché du Mfoundi, nous avons des terres que les autochtones, nous donnent pour cultiver et nous en sommes fiers ». À son oncle de renchérir, « Ici à Mbadjock nous cultivons le maïs, les tubercules de manioc ». Les histoires d’amour, tissées ici sont nombreuses et Robert Toxbana se découvre, « Je suis dans la Haute-Sanaga depuis ma naissance, mes parents ont migré vers la région du Centre, notamment à Mbandjock pour venir travailler à la Sosucam, et donc, je suis véritablement un enfant d’ici bien que je parle le dialecte de chez moi le Toupouri. Tout se passe bien, nous sommes ensemble avec les Babouté, les Ewondo, les Eton, nous sommes dans une véritable mosaïque. Et donc ici Mbadjock nous ne nous prenons pas comme les gens d’ailleurs. Nous sommes tous des frères, je suis marié à une fille d’ici nous avons un enfant, c’est d’ailleurs sa voix que vous écoutez là, tout se passe bien et nous sommes contents d’être camerounais ». Ainsi va la vie à Mbadjock localité situe à 5 km de Yaoundé dans la région du Centre. La commune compte désormais 21481 habitants et a opté pour un motus Vivendi particulier. À la chefferie chaque chef de communauté siège comme notable. Une manière toute particulière de gestion des hommes pour éviter les replis identitaires et autres susceptibilités pouvant entraîner des conflits.
E.M