La Concorde Actu

Toute l'actualité du Cameroun

Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo regagne sa terre natale après dix ans d’absence

Dix ans après son arrestation dans la résidence présidentielle et son transfert vers la Cour pénale internationale, l’ancien président ivoirien a regagné ce jeudi 17 juin, en homme libre, le pays qu’il a dirigé de 2000 à 2011. Un moment historique pour la Côte d’Ivoire dont la presse nationale se fait l’écho.

Ses partisans n’osaient plus y croire. La dernière fois qu’il a vu son pays, c’était il y a dix ans. Le 11 avril 2011, Laurent Gbagbo, alors président, avait été délogé de son bunker, arrêté puis transféré quelques mois plus tard devant la Cour pénale internationale (CPI). Ce jeudi 17 juin, en homme libre, il fait le chemin inverse. Dans la matinée, l’ex-président ivoirien a embarqué à bord du vol commercial SN299 de Brussels Airlines. Il était attendu aux alentours de 16 heures, heure locale, sur le tarmac de l’aéroport d’Abidjan.

Après de longues négociations, il a reçu les honneurs dus aux anciens chefs d’État au pavillon présidentiel. Mais le pouvoir ivoirien, avec à sa tête Alassane Ouattara, a tout fait pour que le retour de son grand rival ne se transforme pas en une démonstration de force. “Un itinéraire est officiellement défini et aucun obstacle ne devrait l’encombrer”, rapporte Connection ivoirienne. Tout au long de la journée, la police a dispersé avec du gaz lacrymogène tous ceux qui tentaient de se rassembler près de l’aéroport, situé dans le Sud de la capitale, dans le quartier de Port-Bouët où des échauffourées ont aussi opposé les forces de l’ordre à des partisans de Laurent Gbagbo.

L’ex-président s’est rendu ensuite en cortège dans le quartier d’Attoban, où se trouve son ancien QG de campagne, où des centaines de personnes l’ont accueilli. Devant les membres de la direction de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI), il s’est dit « heureux de retrouver la Côte d’Ivoire et l’Afrique après avoir été acquitté » de crimes contre l’humanité par la justice internationale.  « Je suis ivoirien mais j’ai appris en prison que j’étais d’Afrique. Toute l’Afrique me soutient », a-t-il insisté devant des partisans. « J’ai des larmes aux yeux en pensant à ma mère décédée », a-t-il déclaré, évoquant ce décès survenu pendant qu’il était emprisonné à La Haye. Il a ajouté qu’il aurait l’occasion de faire « plus tard » un discours politique.

Indubitablement, l’arrivée de Laurent Gbagbo promet de déchaîner les passions des uns et des autres. Le journal L’Héritage s’enthousiasme : “Gbagbo, voici ton peuple !” Mais L’Avenir se fait l’écho des crispations suscitées par ce retour : “Les victimes [de la crise postélectorale de 2010-2011] envahissent la résidence de Gbagbo.”

Ambitions présidentielles ?

La presse espère que ce retour sera le catalyseur de la réconciliation nationale. Le journal progouvernemental FratMat prévient : “Cher camarade Laurent, vous trouverez une Côte d’Ivoire très différente de celle que vous avez quittée il y a dix ans. C’est normal. Comme on le dirait au quartier, on n’a pas dormi pendant votre absence. Vous pourrez reprocher beaucoup de choses à votre successeur [Alassane Ouattara], sauf qu’il est un gros travailleur et un grand bâtisseur. Ce qui importe, c’est l’avenir de ce pays.”

De même tout le continent africain vibre au rythme de ce moment historique, les premiers mots de Laurent Gbagbo de retour sur sa terre natale donneront le ton de l’avenir politique. L’homme va-t-il à nouveau afficher des ambitions présidentielles ? Si Alassane Ouattara a promis que son troisième mandat, controversé – car jugé inconstitutionnel par l’opposition – serait le dernier, la société civile craint que le retour de Laurent Gbagbo ne change la donne.

Emmanuel MANGUELLE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *