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Cameroun-Lutte contre la corruption : Le Barreau prend le taureau par les cornes

À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la corruption qui se tient généralement tous les 9 décembre, le Bâtonnier de l’ordre des avocats au Barreau du Cameroun a organisé une table ronde à la Fondation Muna sous le thème « l’intégrité de l’avocat au cœur de la justice et la paix social ». Une interpellation à la conscience et au bon sens de tous, particulièrement de l’avocat, à faire preuve d’intégrité face à un fléau qui détruit la justice et fragilise la paix sociale.

Phénomène global et complexe auxquels les États sont confrontés, la corruption met en danger la confiance des individus envers les institutions et les gouvernements, mine les principes démocratiques, pose des entraves au développement social et économique d’un pays et comporte des effets négatifs sur les droits de l’homme. La lutte contre la corruption représente un des plus grand défis auxquels le système judiciaire et ses acteurs ont un rôle déterminant à jouer. Ainsi, le Barreau du Cameroun appelle les avocats à s’informer et se former sur les mécanismes internationaux et nationaux existants pour la prévention et la lutte contre la corruption, pour ainsi pouvoir assumer au mieux leur mandat de protecteur des droits fondamentaux. Mais avant toute chose, il faudrait « balayer sa propre cours » en se dressant contre la corruption judiciaire. En la matière, les avocats souvent accusés de servir d’intermédiaires entre les prévenus et les juges, ne sont pas en reste et contribuent à la dégradation générale de l’image du système judiciaire. La corruption judiciaire concerne toute influence inappropriée sur l’impartialité du processus judiciaire et des décisions de justice et peut s’étendre au fait de soudoyer un juge pour obtenir une décision favorable, ou une absence de décision. Elle se manifeste le plus souvent par la pratique des pots-de-vin et l’influence abusive du politique sur l’appareil judiciaire. Agissements qui minent la cohésion sociale : un système à deux vitesses (pour les riches d’un côté et les pauvres de l’autre) creuse une fracture dans la communauté. « Si la justice se fonde sur l’argent et le pouvoir, les pauvres sont hors course » constate Me Akere Muna. Par ailleurs, ces pratiques rendent non seulement la justice inabordable, mais elles mettent aussi à mal la capacité du système judiciaire à lutter contre la corruption et à incarner un modèle d’indépendance et de responsabilité. De même, les avocats sont indexées parmi les personnes qui font une certaine ingénierie juridico-fiscale qui permet d’exporter les devises, et pourtant, c’est l’intégrité inébranlable de ces professionnels du droit, qui donne vie à la justice. Comme remède à ce cancer social, Me Akere Muna préconise la stigmatisation des fauteurs de trouble en faisant du barreau un ilot d’intégrité et pourquoi ne pas instaurer la pratique des « pactes d’intégrité » dans affaires délicates, notamment les marchés publics. Les avocats gagneraient aussi à s’impliquer davantage en politique pour mettre leur expertise au profit de la nation. Quant à la présidente de la commission de lutte contre la corruption au sein du Barreau, elle entend mener son combat avec acharnement en s’inspirant de la foi chrétienne qui l’anime et des valeurs que prône la devise du Cameroun, « l’on ne saurait parler de paix là où il n’y a pas de justice, et j’ai estimé qu’il fallait commencer par faire le toilettage au sein de notre corporation. L’avocat n’est pas obligé d’accepter tous les dossiers, il deviendra un maillon fort de la justice s’il choisit d’être intègre ».

E.M

 

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