Ils arpentent les trottoirs, errent entre les klaxons et les regards fuyants, silhouettes fragiles échappées de l’insouciance. Au Cameroun, les enfants des rues et ceux livrés aux tâches précoces s’installent dans le décor urbain, comme des ombres familières que l’on finit par ne plus voir. À l’occasion de la journée mondiale qui leur est dédiée, célébrée le 12 avril, la Human Care Foundation est allée à leur rencontre. Dans un élan solidaire, l’organisation a offert un instant de joie, rompant pour un moment le fil de leur quotidien rugueux.
Ce geste n’était pas qu’un simple hommage. Il s’agissait d’un cri, d’un appel lancé à la conscience collective pour rappeler que chaque enfant porte des droits inaliénables. Ces instants partagés, au-delà de la fête, visaient à réveiller les consciences, à engager des actes visibles et à interpeller tant les institutions que les voix citoyennes. Derrière chaque visage rencontré, une histoire, souvent brisée, toujours digne d’être entendue.
Le bitume devient berceau pour ceux qui n’ont connu ni berceuse ni tendresse. Privés de repères et d’éducation, beaucoup sombrent dans l’oubli, happés par des souffrances invisibles. La rue, impitoyable tutrice, façonne des destins précaires. Certains se perdent dans des illusions artificielles, d’autres affrontent les dangers sans défense, espérant une main tendue. L’école, pour eux, reste un luxe inaccessible ou un souvenir trop lointain, et le savoir, une porte verrouillée.
Chaque jour est une épreuve où s’enchaînent travaux harassants, maladies silencieuses, violences multiples, errance affective et injustices. Leur réalité frôle l’insoutenable : enfermements abusifs, abus physiques, trafics inavouables, maladies incurables. Et pourtant, malgré l’abîme, brille une étincelle. Sous les haillons, se cachent des talents inexplorés, des vocations ignorées : bâtisseurs, artistes, artisans, rêveurs d’un avenir possible.
Face à ce drame, Human Care Foundation trace un sentier d’espoir. En offrant une oreille attentive et des perspectives de réintégration, elle tente de raviver une flamme chez ces êtres cabossés par l’indifférence. Il ne s’agit pas seulement de secourir, mais d’accompagner vers une résilience. Car derrière chaque enfant recueilli, c’est un pan d’humanité que l’on sauve de l’effacement.