Mvoutessi II, un village de la commune de Zoétélé dans le département du Dja-et-Lobo, a accédé à la notoriété grâce à l’un de ses fils les plus illustres. Guillaume Oyono Mbia, figure marquante de la littérature camerounaise, s’est éteint le 11 avril 2021, laissant derrière lui un patrimoine intellectuel remarquable. Si sa disparition a plongé sa famille et ses proches dans le deuil, son œuvre continue de susciter admiration et reconnaissance.
Contemporain de Mongo Beti, il est considéré comme l’un des piliers du théâtre moderne au Cameroun. Son style, à la fois novateur et enraciné dans les réalités locales, a marqué plusieurs générations. Sa première œuvre, Trois prétendants… un mari, a posé les bases de sa carrière. Inspirée d’un événement familial, cette pièce, structurée en cinq actes, illustre avec finesse les tensions liées au mariage traditionnel. Son succès dépasse rapidement les frontières avec des traductions en plusieurs langues, dont l’anglais (Three Suitors, One Husband) et le roumain (Trei pretendenti, un singur sot). L’adaptation cinématographique sous le titre Notre fille, réalisée par Daniel Kamwa, a même été présélectionnée en 1980 pour l’Oscar du meilleur film étranger, un exploit resté inédit pendant 41 ans pour le Cameroun.
Dès 1967, Guillaume Oyono Mbia s’impose dans le paysage théâtral. Lauréat du concours théâtral africain de la BBC avec Until Further Notice, il enchaîne les distinctions. En 1972, Notre fille ne se mariera pas lui vaut le deuxième prix du concours théâtral interafricain organisé par l’ORTF. L’année suivante, il reçoit le prix El Hadji Ahmadou Ahidjo pour Trois prétendants… un mari. Son œuvre, riche et variée, comprend également Jusqu’à nouvel avis (1970), la série des Chroniques de Mvoutessi (1971-1972) et Le train spécial de son Excellence (1979).
Loin d’être une simple production littéraire, son travail se veut un miroir des réalités africaines. Il y dénonce notamment le poids des traditions et le rôle de l’écrivain dans l’évolution des sociétés. À travers Trois prétendants… un mari, il met en lumière la marchandisation du mariage et questionne les pratiques coutumières. Attaché à ses racines, malgré des séjours en France et en Angleterre, il puise dans son environnement l’inspiration qui nourrit son œuvre.
Marié à une institutrice originaire de Metet, Guillaume Oyono Mbia était également musicien et chrétien pratiquant de l’Église presbytérienne camerounaise. Son engagement littéraire, marqué par une approche critique et humoristique, fait de lui l’un des écrivains majeurs du Cameroun. Son héritage continue d’influencer les nouvelles générations et d’enrichir la scène théâtrale africaine.