Même si depuis le premier siècle, l’apôtre Paul écrit « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus Christ (Galates 3:28), la mentalité des leaders d’églises vis à vis des femmes dépasse peu celle de la période lévitique. A titre d’exemple, révèle l’auteur, lors du dernier synode de l’Eglise fraternelle luthérienne du Cameroun (EFLC), l’on dénombrait seulement onze femmes déléguées sur près de cinq cents hommes et une seule femme siège actuellement au Conseil synodale de EFLC. Une avancée appréciable, mais les chiffres demeurent alarmants, en ce qu’ils ne reflètent en rien l’engagement chrétien des femmes. Il appuie son argumentaire en fustigeant les stéréotypes sur la représentation sociale du rôle des femmes et des hommes qui imprègnent encore considérablement les comportements au sein de l’église. Les chrétiens au lieu d’être à l’image du Christ sont à merci des pesanteurs culturelles faisant fi de l’avance que les femmes ont sur les hommes du point de vue quantitatif. Le plus souvent réduites au service du diaconat, le fait que les femmes soient ultraminoritaires au sein des instances décisionnelles relève donc d’une volonté savamment orchestrée. En raison de cette discrimination et des frustrations qu’elle entraine, Dora Joseph apporte sa goutte d’eau pour qu’elle se transforme en un océan d’espoir et d’espérance dans le combat pour une meilleure justice sociale, qui doit commencer à « Jérusalem pour s’étendre jusqu’aux extrémités de la terre ». Fruit d’un travail de licence à l’institut œcuménique Al Mowafaqa au Maroc et à la faculté de théologie protestante de l’université de Strasbourg, ce livre constitue un plaidoyer. Rédigé en pleine crise du Covid-19, l’écrivain fidèle à la tradition protestante du Sola Scriptura a su bravé les restrictions du contexte, pour produire une exégèse biblique agrémenté des documents originaux, peu connus basés sur des données historiques spécifiques au Cameroun. L’intention de l’auteur est aussi de rendre à son pays, et particulièrement aux Camerounaises, une partie de leur histoire. « L’Église leur doit beaucoup».
EM