L’adage est bien connu : « Le Cameroun est bilingue, mais les Camerounais ne le sont pas toujours. » Vrai ou faux ? Si la question peut prêter à débat, une tendance s’impose néanmoins : de plus en plus de Camerounais s’efforcent d’utiliser à la fois le français et l’anglais, nos deux langues officielles. En cette Semaine nationale du bilinguisme, cette dynamique mérite d’être encouragée, d’autant que le bilinguisme demeure l’un des piliers de l’unité nationale et du vivre-ensemble.
Le bilinguisme est consubstantiel à l’identité du Cameroun. Son ancrage historique remonte aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’ONU confia l’administration du territoire à la France pour la partie orientale et au Royaume-Uni pour la partie occidentale. Depuis, cette dualité linguistique s’est imposée, faisant du Cameroun une véritable « Afrique en miniature », où l’anglais et le français cohabitent sur les deux rives du Moungo. Depuis la Réunification de 1961, toutes les lois fondamentales consacrent cette particularité comme l’une des valeurs fondatrices du pays.
Chaque année, la Semaine du bilinguisme précède la Fête de la jeunesse, soulignant son importance dans la formation des citoyens. L’édition 2025, placée sous le thème « Bilinguisme, levier d’un apprentissage à vie pour un meilleur rendement scolaire, une citoyenneté responsable et la cohésion sociale », met en lumière son rôle essentiel dans le développement du Cameroun.
D’année en année, cet événement constitue une vitrine idéale pour les jeunes scolarisés, leur permettant de démontrer leurs capacités à comprendre, s’exprimer et écrire dans les deux langues officielles. Si des défis subsistent, les progrès sont indéniables : de plus en plus de Camerounais font l’effort d’adopter le bilinguisme, contredisant ainsi l’idée selon laquelle le pays serait bilingue, mais pas ses citoyens.
Les avancées dans ce domaine doivent beaucoup à la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, qui veille à son application dans l’administration publique et parapublique. Ces institutions ont la responsabilité d’incarner l’exemplarité en la matière. La présidence de la République montre la voie en publiant systématiquement ses textes en français et en anglais, une exigence inscrite dans l’ordonnance du 26 août 1972. D’autres administrations suivent cette orientation, conformément à la circulaire du Premier ministre du 16 août 1991, qui garantit à chaque citoyen le droit de s’exprimer dans l’une des deux langues et d’obtenir une réponse dans celle de son choix.
Certes, quelques résistances persistent. Certains agents publics peinent à se conformer aux exigences du bilinguisme, refusant d’adopter une pratique qui, pourtant, ne présente que des avantages. Car au-delà de son rôle dans l’unité nationale, la maîtrise des deux langues constitue un atout majeur sur le marché du travail. Aujourd’hui, nombreux sont les employeurs qui exigent cette compétence pour accéder à un emploi décent. Dans un monde globalisé, parler plusieurs langues ouvre de nouvelles opportunités et facilite l’accès aux affaires.
En somme, le bilinguisme est une richesse qu’il convient d’exploiter pleinement. Il représente un atout stratégique, un facteur d’intégration sociale et professionnelle, et surtout, une singularité qui confère au Cameroun une identité unique. Autant s’y engager avec détermination : se hâter d’être bilingue, c’est aussi s’ouvrir au monde.