Les Camerounais ont retenu leur souffle à la vue des images insoutenables d’une fillette de sept ans ligotée par des chaînes et des cadenas, torturée par sa tante. La scène se déroule dans un quartier de Douala et rappelle avec effroi que nos enfants ne jouissent pas toujours de leurs droits fondamentaux. Certains subissent des humiliations, en famille ou à l’école. Il faut absolument y mettre un terme.
L’on croyait ces pratiques révolues, reléguées à une autre époque, mais ces images atroces sont venues nous détromper. Une enfant de sept ans, enchaînée et cadenassée par celle qui se présente comme sa tante : quel crime aurait-elle commis pour mériter un tel supplice ? Victime d’actes d’une brutalité inouïe, les mains immobilisées derrière le dos, traitée avec une cruauté indicible, cette fillette semble avoir été condamnée à un calvaire inimaginable. L’auteure de ces violences, âgée de trente-trois ans selon de bonnes sources, serait coutumière de tels actes ignobles, y compris envers sa propre fille de douze ans, soumise à des sévices d’une rare cruauté, allant jusqu’au repassage au fer.
Le voisinage, sans doute au courant, est resté muet. Il aura fallu la réaction courageuse d’une voisine, outrée par ces agissements, pour alerter la police. Les forces de l’ordre ont dû défoncer la porte afin de délivrer l’enfant, les cadenas ayant été soigneusement fermés et les clés emportées. Il fallut user d’une scie à métaux pour libérer la victime, aussitôt conduite à l’hôpital. L’incroyable est pourtant vrai : cet acte porte une atteinte grave à la dignité humaine et aux droits fondamentaux de l’enfant, au-delà du traumatisme à vie qu’il engendre.
La protection des enfants devrait être une priorité absolue. Elle commence par la rupture du silence complice qui entoure ces drames. Alors que lundi sonnera la rentrée scolaire, il importe de rappeler que, malgré les mises en garde et les circulaires des ministères en charge de l’éducation de base et des enseignements secondaires, les vieilles habitudes persistent. Les châtiments corporels n’ont pas disparu de nos écoles. Dans bien des foyers comme dans certaines salles de classe, les traitements cruels, inhumains ou dégradants continuent de sévir.
La torture, pourtant, est prohibée de manière absolue par le droit international, en temps de paix comme en temps de guerre, et en toutes circonstances. Le magistrat hors hiérarchie Alexis Dipanda Moelle, ancien premier président de la Cour suprême, le rappelle dans son ouvrage La torture, cette barbarie de l’humanité. Il y explique que le verbe latin torquere, à l’origine du mot, signifie « presser, tourmenter, tordre ». Plus loin, il précise que la torture s’apparente au calvaire, au châtiment, à la persécution et provoque nécessairement des souffrances physiques ou morales.
Les images de cette enfant torturée à Douala nous ont glacé le sang. On espère que la geôlière de circonstance, commerçante au marché Bopi, répondra de ses actes devant la justice. Ce fut l’horreur et la stupeur. Pour le bien-être de nos enfants, nous devons dire, d’une seule voix : plus jamais ça.
