La Concorde Actu

Toute l'actualité du Cameroun

John Fru Ndi : un héritage politique à préserver 

John Fru Ndi s’en est allé, laissant derrière lui un parti en proie à des menaces d’implosion. Pourtant, l’histoire retiendra qu’il fut l’un des pères fondateurs du Social Democratic Front (SDF) en mai 1990, un patriote et un républicain à sa manière.

Le message de condoléances du président de la République à la famille du Chairman Ni John Fru Ndi s’apparente à un hommage d’un républicain à un patriote. En dépit des douloureux événements de mai 1990 et des nombreuses tentations auxquelles ont cédé certains membres de la base et de la classe dirigeante du parti, le SDF, sous le leadership de John Fru Ndi, n’a jamais franchi la ligne rouge : prendre en otage la République et sa stabilité.

Dans son rôle de principal parti d’opposition, le SDF a souvent boycotté le vote des projets de loi de finances à l’Assemblée nationale. Ce droit légitime n’a jamais empêché leur adoption, car la majorité parlementaire est demeurée sous le contrôle du RDPC et de ses alliés. Mais aujourd’hui que le Chairman a tiré sa révérence, une question se pose : quel avenir pour le Social Democratic Front ?

Depuis plusieurs années déjà, le parti fait face à des divisions internes. Certains de ses cadres, dans leur volonté de préserver le SDF de la déroute, n’hésitent pas à adopter des alliances risquées, évoquant même l’idée de « s’accrocher à un serpent », selon les mots du regretté Augustin Frédéric Kodock. Malgré ces tensions, John Fru Ndi avait toujours su protéger son parti des influences tribalistes ou financières, tirant les leçons des années dites de braise, qui culminèrent avec l’élection présidentielle de 1992.

Cette élection, marquée par la candidature de John Fru Ndi sous la bannière de l’Union pour le changement – une coalition de partis politiques alliés au SDF – reste un moment historique. À l’époque, Maurice Kamto, brillant universitaire, dirigeait sa campagne, devenant l’une des figures principales de cette aventure électorale.

Désormais orphelin de son leader, le SDF se retrouve à la croisée des chemins. Deux choix s’imposent : demeurer fidèle aux idéaux de liberté et de justice de John Fru Ndi, quitte à risquer sa survie politique, ou opter pour une alliance stratégique qui pourrait à terme compromettre son identité.

Les héritiers politiques de John Fru Ndi, s’il en existe, devront faire preuve de force et d’intelligence pour préserver son précieux héritage, ou du moins ce qu’il en reste.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *