La Concorde Actu

Toute l'actualité du Cameroun

Coopération Cameroun-USA : Soixante ans de relations diplomatiques auscultés dans un ouvrage commis par l’ambassadeur du Cameroun au Japon

La cérémonie de dédicace du livre de Pierre Ndzengue a eu lieu à l’enceinte de l’institut des relations internationales du Cameroun.

Son titre est faussement simple, « le couple Cameroun/États-Unis d’Amérique : Histoire des relations diplomatiques de 1960 à 2021 et nécessité d’une nouvelle ingénierie diplomatique du Cameroun. Laissons de côté toutes ces subtilités de titraille pour nous arrêter sur le mot clé que semble constituer « couple ». Tout le monde est censé savoir ce qu’être un couple, c’est-à-dire une mise ensemble de deux entités à priori différentes dans le but de gérer leurs intérêts communs. La notion de couple comporte donc en soi l’idée même de la différence, de l’altérité, c’est-à-dire la prise en compte de l’autre comme un acteur nécessaire à mon épanouissement.

Mo

Cet autre est dès lors un alter ego, un autre moi utile à mon épanouissement. Un homme est par exemple en couple avec une femme dans le but de fonder une famille de donner naissance à des enfants d’évoluer ensemble en se valorisant mutuellement. Deux pays choisissent librement de nouer des liens de coopération ou des relations diplomatiques afin de défendre chacun ses intérêts, chacun selon sa personnalité et ses moyens. Vu sous cet angle, le couple Cameroun États-Unis d’Amérique n’a donc rien de vraiment extraordinaire. Les deux pays sont géographiquement éloignés l’un de l’autre. L’un, les États-Unis d’Amérique, est le champion toutes catégories du libéralisme triomphant au cœur de la géopolitique et de la géostratégie mondiale. C’est un géant de près de 10 millions de km2 de superficie pour une population avoisinant 340 millions d’habitants. Les États-Unis d’Amérique affiche fièrement des statistiques de première puissance économique et militaire mondiale. L’autre, le Cameroun, au cœur de l’Afrique centrale est 20 fois moins étendu et 12 fois moins peuplé que son partenaire américain. Cette cérémonie de dédicace prévoit d’ausculter la relation particulière entre les deux entités étatiques. Deux amis s’efforçant envers et contre tout de préserver l’essentiel de leurs relations bilatérales. Chacun y va avec son tempérament, avec ses méthodes, avec ses sensations, avec ses émotions et parfois avec ses préjugés. À titre d’illustration, côté américain, l’on semble guetter au fil des consultations électorales des indices de « not free and fair élections ». Côté camerounais, l’on aurait tendance à relever des signes d’intrusion pour ne pas dire d’ingérence dans les affaires surtout de politique intérieure du pays de Paul Biya, le sphinx de la scène politique nationale, qui a vu passé pas moins de sept présidents des États-Unis d’Amérique, de Ronald Reagan à Joe Biden  en passant par les Bush père et fils, Bill Clinton, Barack Obama et Donald Trump. Une longévité ayant elle-même pas manqué d’être questionnée ici ou là du fait de ce que l’on aurait tendance à considérer comme des exigences de la démocratie électoralo-représentative. En tout état de cause, il existe entre les États-Unis d’Amérique et le Cameroun comme dans tout couple normal, des sujets plus confortables que d’autres, mais encore une fois, ils sont en couple. Et à ce titre, ils s’efforcent l’un et l’autre de préserver l’essentiel sans faire l’économie de signes et gestes d’attention, d’affection et parfois de petite jalousie entre amis. Dans les moments cruciaux de leur vie commune, ils resserrent les liens et s’efforcent d’avancer ensemble. Qui mieux que l’enfant du couple peut décrire l’humeur de ses parents et expliquer certaines de ses évolutions.

Pierre Ndzengue est un diplomate de haut vol, mordu par le virus de la plume. Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Cameroun au Japon, il fut notamment premier conseiller à l’Ambassade du Cameroun aux États-Unis d’Amérique, puis directeur des affaires d’Amérique et des Caraïbes au ministère camerounais des Relations extérieures. Il connaît donc parfaitement les arcanes de la diplomatie camerounaise ainsi que l’âme profonde d’une Amérique si pleine d’histoire(s). Pierre Ndzengue suggère bien volontiers, une meilleure prise en compte des mutations de la diplomatie internationale à laquelle Yaoundé gagnerait à mieux s’arrimer. Cette nécessaire refondation est la raison d’être de cet ouvrage rédigé d’une main sûre, d’un œil avisé et d’une mémoire infaillible. Celle de son auteur certes,  mais aussi et surtout celle des archives et autres sources documentaires souvent exclusives.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *