Communauté Fongo Tongo-Quand l’illusion gouverne : un regard philosophique sur notre époque

Le philosophe camerounais Ndi Kuete Fomekeu signe un ouvrage percutant, Les paradoxes du monde postmoderne : de l’illusion de la vérité à la vérité de l’illusion, publié en 2025 aux Éditions Bantou. Profondément ancré dans les contradictions de notre société contemporaine, ce livre déploie une réflexion exigeante sur la place de l’homme dans un univers dominé par le profit, les apparences et le simulacre. L’auteur y dresse un constat sans appel : l’économie marchande, soutenue par un capitalisme effréné, a érodé les fondements mêmes de l’existence, reléguant l’essence humaine au second plan. Religion, culture, émotions, gouvernance – nul champ n’échappe à cette entreprise de déconstruction symbolique.

En dénonçant les dérives d’un système qui valorise l’irrationnel au détriment de la pensée, Fomekeu explore les paradoxes du temps présent. Dans ce contexte, la démocratie, présentée comme le modèle suprême d’organisation politique, apparaît comme une illusion sophistiquée. Derrière les discours sur les libertés, se dissimule un pouvoir exercé par ceux qui détiennent les leviers économiques. Le philosophe déconstruit cette mécanique, mettant en évidence les écarts entre les principes affichés et la réalité vécue, où le droit des peuples se dissout dans la logique des intérêts particuliers.

Originaire de l’Ouest du Cameroun, né le 1er juillet 1980, l’auteur est diplômé en philosophie politique de l’Université de Dschang. Enseignant non titularisé, il partage son temps entre la pédagogie et les activités agro-pastorales. Son engagement intellectuel s’inscrit dans un rejet profond de la mondialisation contemporaine, perçue comme un culte des formes au détriment des fondements. À travers cet essai, il s’élève contre la perte de repères qui caractérise notre époque et invite à une réévaluation critique de nos choix collectifs.

La cérémonie de dédicace s’est tenue à Yaoundé le 21 juin 2025. Présent aux côtés de l’auteur, Sa Majesté le chef traditionnel de Fongo Tongo a marqué l’événement de sa présence solennelle, soulignant par là son attachement aux initiatives intellectuelles portées par les siens. Arrivé en début de soirée, entouré d’une importante délégation, il a salué la portée du message contenu dans l’ouvrage, le qualifiant de contribution utile à la reconstruction morale d’une société désorientée. L’assistance a ainsi rendu hommage à un penseur engagé, soucieux d’éclairer ses contemporains.

Le préfacier de l’ouvrage, Dr Olivier Atemsing Ndenkop, a livré un propos dense et structuré. Pour lui, écrire, c’est affronter les silences de l’indifférence, c’est résister à l’inertie d’un monde qui préfère le bruit au sens. Il souligne que peu parviennent à franchir le seuil entre réflexion intérieure et transmission écrite. L’ouvrage comporte deux parties, totalisant onze paradoxes majeurs, allant des comportements religieux aux mutations artistiques, des distorsions familiales aux illusions temporelles. Chaque thème s’ancre dans une réalité quotidienne, révélant des dynamiques souvent ignorées.

Le texte évoque, entre autres, l’inversion des hiérarchies dans les relations sociales, où la fortune supplante l’autorité ancestrale. Il analyse la musique contemporaine, devenue vecteur d’abrutissement plutôt que quête de beauté. Il interroge la frénésie de la vitesse, symptomatique d’un monde obsédé par la performance. À travers ces figures, le philosophe appelle à une lucidité nouvelle, seule capable de restaurer le sens dans un monde saturé d’illusions. Loin des systèmes clos, son regard s’ouvre aux interstices du quotidien, où germe encore la possibilité d’une réinvention humaine.