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Cameroun- La question mémorielle des nationalistes préoccupe l’Association Kwemtche

Notre mémoire, notre patrimoine, notre identité, tel était le thème de la conférence de lancement des activités sous la houlette du Professeur Charles Soh president de l’Association Kwemtche.

Longtemps banni des programmes scolaires, des générations entière d’écoliers n’ont jamais entendu parler de Ruben Um Nyobe et de ses compagnons, ces valeureux martyrs presque tous assassinés parce qu’ils rêvaient d’un « kamerun » libre et prospère. Aujourd’hui encore à Douala ou à Yaoundé, pas un monument, pas une rue ne porte son nom ni celui des autres. Et pourtant, la mémoire est la semence de l’avenir pour tout peuple qui rêve d’identité nationale et de souveraineté. L’objectif de l’Association Kwemtche-souviens-toi-est de reconstituer historiquement et scientifiquement l’histoire de notre patrimoine culturel, le réhabiliter, le promouvoir, sensibiliser les populations sur l’importance de la mémoire collective en termes de construction mentale des peuples. Ramener la question mémorielle au cœur de l’actualité est un important devoir patriotique qui laisse en effet penser qu’autant certains s’acharnaient naguère à occulter et à gommer la mémoire de la nation, autant les camerounais mesurent la gravité des torts que leur cause l’amnésie institutionnelle. Il n’est donc pas question ici de remuer le couteau dans la plaie, mais de se souvenir de ceux doit-il ne reste plus aucune famille. Honorer la mémoire relève du souvenir, mais il s’agit d’aller au-delà, maintenir présent à l’esprit de tous les souffrances et humiliations des martyrs. Ceci passe par l’entretien des lieux touristiques, à l’instar des chutes de la Métché, endroit devenu un lieu de mémoire consensuel, symbole incontesté et incontestable de l’horreur de la répression coloniale. Cette matérialisation du passé passe aussi par l’érection sur l’ensemble du triangle national des monuments à l’exemple de la tombe du soldat inconnu sur laquelle brille une flamme 24h sur 24, la place des Invalides à Paris, le mémorial de la shoah ou le Mémorial du Génocide de Kigali. L’association envisage également proposer au gouvernement d’instituer une journée national du souvenir pour les héros morts, préparer une série de films documentaires, mener des activités archivistiques et archéologiques pour identifier les lieux de souvenir. Il est un fait, le chasseur ne racontera l’histoire de la chasse qu’à son avantage, pour que les camerounais en particulier et les africains en général puisse avoir une histoire digne de ce nom, ils doivent se retourner vers leur propres historiens, scientifiques et chercheurs. La pleine réussite d’une pareille initiative passe aussi par la déclassification des archives. En visite au Cameroun le 3 juillet 2015, François Hollande avait évoqué pour la première fois avec des mots pesés au trébuchet, la répression coloniale : « C’est vrai qu’il y a eu des épisodes tragiques dans l’Histoire. Il y a eu une répression dans la Sanaga-Maritime et en pays Bamiléké et je veux que les archives soient ouvertes pour les historiens », a déclaré le président français d’alors. L’ouverture des archives suffira-t-elle à faire la lumière ? On peut en douter. Toujours est-il que beaucoup apprendront de ces valeureux nationalistes, à l’instar de Jacob Fossi dont le témoignage de la fille présente à la conférence a été très émouvant.

E.M

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