Placée sous le parrainage du ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation, la troisième édition des Journées camerounaises de la statistique s’est tenue les 17 et 18 juillet 2024. Centré sur le thème Statistiques et développement, l’événement a réuni experts, chercheurs et décideurs pour explorer le rôle clé des données dans la croissance économique et sociale du pays.
Les statistiques jouent un rôle fondamental dans le développement des pays, en fournissant des données précises pour orienter les politiques publiques, évaluer les progrès et identifier les besoins prioritaires. Qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation, de l’économie ou de l’environnement, elles constituent un outil indispensable pour bâtir des sociétés plus équitables et prospères. Les statistiques permettent aux gouvernements de baser leurs décisions sur des faits et non sur des conjectures. Par exemple, dans le domaine de l’éducation, elles révèlent les taux d’alphabétisation, les disparités régionales et les besoins en infrastructures scolaires. Ces informations guident la répartition des budgets et la mise en place de réformes adaptées. De même, dans la santé publique, les indicateurs comme le taux de mortalité infantile, l’espérance de vie ou l’accès aux soins aident à prioriser les investissements et à suivre l’impact des programmes. Les objectifs de développement, comme les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations unies, nécessitent des données fiables pour mesurer les progrès réalisés. Par exemple, l’éradication de la pauvreté (ODD 1) ou la lutte contre les inégalités (ODD 10) sont suivies grâce à des indicateurs tels que le PIB par habitant, les niveaux d’inégalités ou l’accès aux services de base.
Les statistiques permettent également d’évaluer l’efficacité des politiques publiques. Si un programme de lutte contre le chômage n’atteint pas ses objectifs, les données recueillies peuvent identifier les lacunes et proposer des ajustements. Un des rôles majeurs des statistiques est de mettre en lumière les disparités. Les données désagrégées, par sexe, âge, région ou revenu, montrent où se concentrent les inégalités. Par exemple, dans de nombreux pays en développement, les statistiques montrent que les femmes et les enfants en zones rurales sont souvent les plus désavantagés en termes d’accès à l’éducation ou aux soins.
Cependant, de nombreux pays, en particulier les pays en développement, font face à des défis importants : Manque de capacités techniques et financières pour collecter et analyser les données. Absence d’infrastructures fiables pour assurer la qualité et la mise à jour régulière des données. Faible transparence ou manipulation des chiffres à des fins politiques. Pour maximiser le potentiel des statistiques, il est crucial d’investir dans les systèmes de collecte et d’analyse. Cela passe par la formation des experts, l’amélioration des outils technologiques et une coopération internationale renforcée. Les organisations comme la Banque mondiale ou l’ONU jouent un rôle clé dans ce domaine, en aidant les pays à renforcer leurs capacités statistiques.
Les statistiques ne sont pas de simples chiffres ; elles sont la base du progrès. Dans un monde en constante évolution, leur rôle devient de plus en plus crucial pour relever les défis globaux et locaux. Un investissement stratégique dans les systèmes statistiques peut transformer des données brutes en leviers de développement, aidant les nations à bâtir un avenir plus inclusif et durable.
Pr Georges Kobou, statisticien enseignant à l’université de Yaoundé 2
Georges Nguefack Tsague, président de la Socastat.