À l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle, le foyer Bandjoun de Yaoundé a vibré au rythme du Ghomala, une des principales langues du peuple Bamiléké. Cet événement, riche en couleurs et en émotions, a mis en lumière la richesse et la diversité linguistique du Cameroun, souvent qualifié de véritable Afrique en miniature.
Organisée sous le thème « L’éducation multilingue, une nécessité pour transformer l’éducation », cette célébration a rassemblé des linguistes, des artistes, des éducateurs et des membres de la communauté Bandjoun. À travers des ateliers interactifs, des performances artistiques et des discussions, les participants ont redécouvert la valeur du Ghomala, non seulement comme outil de communication, mais aussi comme vecteur d’identité et de patrimoine culturel.
Un effort pour préserver une langue en péril
Malgré ses racines profondes, le Ghomala, comme de nombreuses autres langues locales au Cameroun, est confronté à des menaces d’extinction dues à l’urbanisation, à la mondialisation et à la domination des langues officielles (français et anglais). Les intervenants ont souligné l’importance de transmettre cette langue aux jeunes générations à travers l’éducation formelle et informelle. Le professeur Albert Kouam, spécialiste des langues africaines, a rappelé que « chaque langue qui disparaît emporte avec elle une vision unique du monde. La promotion du Ghomala, c’est avant tout préserver un pan entier de notre héritage culturel. »
Des initiatives prometteuses
Parmi les temps forts de la journée figurait une session d’apprentissage du Ghomala, destinée aux enfants et adolescents. Des contes, des chansons et des jeux traditionnels ont permis aux plus jeunes de s’immerger dans cette langue, souvent peu pratiquée dans les grandes villes comme Yaoundé. Un spectacle de danse traditionnelle Bandjoun a également capté l’attention du public, rappelant que la langue et la culture sont indissociables. Par ailleurs, des exemplaires de livres et dictionnaires en Ghomala ont été distribués pour encourager une pratique plus large de la langue.
Un appel à l’action collective
La célébration s’est clôturée par un appel vibrant des organisateurs à intensifier les efforts pour documenter et promouvoir les langues locales. « Nous avons tous un rôle à jouer dans la préservation de nos langues maternelles. Que ce soit à la maison, à l’école ou dans nos communautés, nous devons redonner à nos langues la place qu’elles méritent », a affirmé une responsable de l’événement.
La Journée internationale de la langue maternelle, instaurée par l’UNESCO, est un rappel annuel de l’urgence de protéger la diversité linguistique. Au Cameroun, où plus de 250 langues cohabitent, le défi est colossal, mais des initiatives comme celle du foyer Bandjoun démontrent que la mobilisation est bien réelle. En donnant une voix au Ghomala, cet événement n’a pas seulement célébré une langue, mais a aussi jeté une lumière sur l’importance de toutes les langues maternelles en tant que patrimoine vivant à protéger et à transmettre.