Le Cameroun sur la scène internationale du goût : Acquis et perspectives pour une diplomatie gastro-culinaire de rayonnement. Intitulé ainsi, l’ouvrage du diplomate et écrivain Serge Lemana Oyono ambitionne de redéfinir les orientations des politiques de développement au Cameroun, en mettant en lumière le potentiel stratégique de la gastronomie.
Dans l’arène des relations internationales, la gastronomie occupe une place de choix, devenant un instrument subtil mais puissant de diplomatie culturelle. Les dîners officiels et les plats soigneusement choisis ne servent pas uniquement à ravir les papilles, mais aussi à ouvrir des dialogues et à renforcer les liens entre nations. Lorsque la cuisine rencontre la diplomatie, l’objectif dépasse souvent le simple plaisir gastronomique. Ce que l’on appelle la « gastrodiplomatie » s’inscrit dans une stratégie où la culture culinaire d’un pays devient un vecteur de communication et d’influence. Les plats servis lors de sommets internationaux ou de visites d’État sont soigneusement sélectionnés pour refléter l’identité nationale tout en tenant compte des sensibilités culturelles des invités.
Un langage universel
La nourriture transcende les barrières linguistiques et culturelles. Lors des négociations sensibles, un repas convivial peut parfois détendre l’atmosphère et faciliter des échanges fructueux. C’est notamment le cas lors des banquets officiels, où le menu, souvent inspiré de recettes emblématiques, est conçu pour impressionner et séduire. Par exemple, lors du sommet historique entre Kim Jong-un et Donald Trump en 2018, le menu a habilement mêlé des spécialités coréennes comme le « bibimbap » et des plats américains, symbolisant une tentative de rapprochement entre les deux nations. De même, en France, les dîners à l’Élysée mettent en avant la haute cuisine française, inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO, pour affirmer le rayonnement du pays.
Promouvoir l’image d’une nation
Pour certains pays, la gastronomie est aussi un outil de « soft power ». La Thaïlande, par exemple, utilise depuis des décennies sa cuisine pour renforcer son image internationale. Des campagnes ont été mises en place pour former des chefs à l’étranger et encourager l’ouverture de restaurants thaïlandais, diffusant ainsi la culture locale à travers le monde. Dans un contexte de mondialisation, la cuisine devient un moyen de se démarquer, de créer des ponts entre les cultures et d’améliorer la perception d’un pays. En mettant en avant des produits locaux, des traditions culinaires ou des techniques spécifiques, les nations affirment leur unicité tout en favorisant les échanges interculturels.
Les limites de la gastrodiplomatie
Cependant, cet usage de la gastronomie dans les relations internationales n’est pas exempt de défis. Les choix alimentaires peuvent aussi susciter des controverses ou raviver des tensions historiques. Un exemple marquant est celui du Japon, dont les plats à base de baleine, issus d’une tradition ancienne, provoquent des débats animés sur la scène internationale en raison des préoccupations liées à la protection des espèces. Enfin, dans un monde où les préoccupations environnementales prennent de l’importance, les repas officiels sont parfois critiqués pour leur opulence, jugée incompatible avec les enjeux climatiques actuels.
Une diplomatie qui se déguste
La gastronomie, en tant qu’art et expression culturelle, restera un outil privilégié pour accompagner et enrichir les relations internationales. Que ce soit par un dîner somptueux ou par la promotion d’une cuisine nationale, elle illustre comment les plaisirs de la table peuvent devenir un levier de coopération et de dialogue.