Joseph Epoka Mwantuali est originaire de la République Démocratique du Congo, il réside actuellement aux Etats-Unis où il enseigne la littérature au Hamilton College de Clinton dans l’ Etat de New York.
Détentrice de nombreux prix littéraires et artistiques, Werewere Liking impose le respect et l’admiration dont seuls les artistes habités d’un génie transcendantal sont dotés. La dextérité d’artisan, l’ingénuité du style et la ferveur créatrice par laquelle le monde, les mondes, sont dits et prédits dans ses œuvres, font d’elle une artiste complète. La totalité des genres artistiques (littérature, musique, peinture, gravure, sculpture, arts de la scène etc.) qu’elle pratique depuis la moitié d’un siècle, l’aura auréolée d’une puissance expressive que peu d’artistes de sa génération ont manifesté. « Qui trop embrasse mal étreint, mais il a fallu qu’elle embrasse tout pour être Werewere Liking. Une artiste au sens le plus large du terme qui se démarque parmi les écrivains africains, hommes et femmes, par la diversité de son œuvre, ainsi que par le caractère innovant de son écriture» relève Joseph Epoka Mwantuali. Sa pratique totale de l’art au sens ontologique, sa modélisation des arts au sens générique, sa longévité exceptionnelle en première ligne et au-devant de la scène, son entrée à l’ASCAD (Académie des Sciences, des Arts, des Cultures d’Afrique et des Diasporas Africaines) comme le couronnement d’une détermination sociologique à œuvrer par le truchement de l’émotion esthétique, au rapprochement des hommes etc., en sont quelques traits fondamentaux qui appelle à réfléchir sur les modalités de la complétude artistique de la Fondatrice du village Ki-Yi. Si le « théâtre rituel », s’appuyant à la fois sur l’improvisation et les rites sacrés qu’elle initie et promeut en est un exemple abouti, l’artiste témoigne aussi d’une pratique de peinture prémonitoire qui l’introduit dans les mystères de l’éther. Cette autodidacte a développé un art de la pédagogie inspiré de sa passion effrénée pour la transmission du savoir. D’ailleurs l’expression « Ki-Yi » ne signifie-t-elle pas « connaissance ultime » ? L’histoire de la recherche scientifique en Côte d’Ivoire rappellera autant de fois que nécessaire que Werewere Liking a occupé entre 1979 et 1985 un poste de chercheure en techniques pédagogiques traditionnelles utilisées par les femmes, à l’Institut de Littérature et d’Esthétique Négro-Africaines à Abidjan (ILENA), rattaché à l’Université de Cocody. Les techniques enseignées, dont elle s’est appropriée la perspicacité dans son expérience au village Ki-Yi, sont un modèle du genre que l’ouvrage ne manque pas de mettre en relief. Le volet social et sociologique de l’œuvre de cette grande âme n’a pas été occulté au cours des échanges, elle a formé plus d’un millier de jeunes gracieusement qu’on sait réinsérés avantageusement pour la plupart dans la société, mais qui, loin de dormir sur ses lauriers estime que « le Village Ki-Yi doit devenir une plus grande « école de vie » parmi les meilleures». L’un des buts ultimes de cette œuvre immense, la renaissance africaine via le panafricanisme comme modalité de la quête identitaire qui passe par la conquête de soi et la réappropriation de son histoire par tout citoyen africain, un besoin de reconstruction sociologique à l’origine de son projet artistique. Fort de ses racines pivotantes verticales dans la culture Bassa’a, Werewere-Liking a transplanté le Mbock en Côte d’Ivoire ouvrant de ce fait cette philosophie traditionnelle au monde, œuvre que magnifie Joseph Epoka Mwantuali dans son livre. Il y décode les mythes et légendes de la culture Bassa’a, Mpoo et Bati et développe un pan important de la tradition africaine en reconnectant avec habileté les racines et repères culturels perdus sous forme d’un ensemble d’essai d’imminents chercheurs. Une manière de saluer son engagement à promouvoir le dialogue entre les arts comme mise en abyme du dialogue entre les genres, entre les peuples, entre les cultures et entre les spiritualités.