Une quarantaine de femmes leaders membres de la Coordination des Luttes féministes du CADTM-Afrique issues de différentes familles d’acteurs (société civile, syndicats, communautés riveraines, médias, etc.) en partenariat avec la plate-forme d’information et d’action sur la dette (PFIAD), avec l’appui financier de Foundation for a just society (FJS), du CADTM, du CNCD, le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes, African Women Unity Destructive Ressource Extraction (Womin) organisent à Yaoundé (Cameroun), du 12 au 16 février 2024, un séminaire de renforcement des capacités des femmes sur le thème « Femmes, leadership féminin, dettes, changements climatiques et extractivisme : enjeux et perspectives ».
Il est urgent que les femmes s’informent, se forment pour faire face aux aléas qui entravent leur émancipation et inverser les construits sociaux qui légitiment le discours de leur infériorité, comme le disait Simone de Beauvoir dans le deuxième sexe « On ne naît pas femme on le devient ». Ce renforcement de capacité s’inscrit non seulement dans une démarche pédagogique dans l’appréhension du système capitaliste comme outil d’asservissement de la femme, mais surtout pour leur permettre de s’engager davantage auprès d’autres femmes dans des luttes avant-gardiste pour une libération totale des femmes du joug de toutes les forces rétrogrades. Dans un contexte d’exacerbation de la crise du système capitaliste, si la communauté internationale avait cru engranger des acquis dans l’amélioration de la condition féminine dans tous les domaines de la vie sociale en Afrique, l’actualité de ces deux dernières décennies nous prouve des remises en cause voire des dégradations dans certains aspects de la vie des femmes en Afrique. sous injonction des institutions de Bretton Woods les pays africains sont contraints d’affecter l’essentiel de leurs maigres recettes fiscales au service de la dette au détriment des budgets alloués aux secteurs sociaux tels la santé, l’éducation, la fourniture à l’électricité et à l’eau potable. Au regard de tels faibles montants alloués au secteur la santé en Afrique, la santé de la mère et de l’enfant ne peuvent qu’être en péril. Dans les villes et campagnes en Afrique, les femmes, en tant que principales pourvoyeuses d’eau dans la survie des ménages subissent le plus souvent la corvée de l’eau. En outre, les femmes constituent les principaux sujets d’exploitation des institutions de microfinance. Aujourd’hui, les statistiques en matière de comptabilité des IMF nous indiquent que de nombreuses femmes en Afrique restent insolvables à cause des conditionnalités iniques imposées par ces IMF pendant l’octroi des prêts, ce qui a pour conséquence la confiscation des biens mobiliers et/ou immobiliers indispensables à la survie des ménages. Aujourd’hui, l’Afrique plus que jamais est devenue le point de convergence des industries extractives. Ces industries extractives siphonnent les richesses du sous-sol africain sans que cela n’ait une incidence positive sur les conditions de vie des communautés. Utilisant la méthode de l’exploitation à ciel ouvert et à grande échelle, l’implantation des industries extractives occasionne le défrichage de milliers d’hectares de forêts tropicales et de terres agricoles. L’insécurité foncière et les effets dévastateurs des changements climatiques ne sont pas en reste.
C’est fort de ces constats que la Coordination des Luttes Féministes du CADTM-Afrique a jugé nécessaire de convoquer à nouveau ce séminaire de formation à l’endroit de ses militantes dans l’optique du renforcement de leurs capacités. Durant quatre jours il s’agira de : Analyser le caractère usurier des pratiques du financement et de l’endettement du point de vue sociologique, politique et économique ; Présenter l’état des lieux de la dette (publique et privée) des pays africains, son incidence sur les femmes, les droits humains ; enforcer les capacités des femmes en matière d’extractivisme ; echanger sur l’importance de la célébration de la Journée Internationale de la Femme ; Partager des expériences sur les impacts des changements climatiques et les défis auxquels sont confrontés les femmes.
E. M