Le mouvement sportif se trouve aujourd’hui à la jonction de plusieurs routes. L’une mène aux principes hérités des premières heures de l’indépendance, une autre traverse les territoires de l’éthique, de la réglementation et de l’économie, pendant qu’une troisième s’ouvre aux perspectives portées par l’essor des industries liées à la performance. Loin des tribunes et des podiums, une réflexion profonde s’organise, guidée par des voix qui cherchent à redonner au sport sa fonction structurante au sein de la cité.
C’est dans cette optique que des experts venus d’horizons divers ont croisé leurs analyses pour sonder les mécanismes internes des fédérations. Juristes, universitaires, responsables institutionnels et acteurs de terrain ont dressé un constat partagé : les dynamiques actuelles obligent à repenser les fondements, à interroger les modes de gouvernance, à restaurer la légitimité des décisions prises au nom de l’intérêt collectif. Le questionnement dépasse la technique ; il touche aux valeurs qui devraient irriguer chaque action sportive.
Au cœur de cette rencontre interdisciplinaire, initiée par Maître Nouyadjam, fondateur du cabinet d’avocats Nouyadjam & Associates et président de l’Association camerounaise des juristes en droit du sport, se sont réunies des figures majeures de la sphère publique. Le ministre en charge des Sports, le bâtonnier national, un vice-recteur de l’Université de Yaoundé I, ainsi que le président du Comité olympique ont marqué de leur présence cette journée d’échange. Le parrainage de l’événement par les autorités compétentes illustre la reconnaissance accordée à cette initiative tournée vers l’avenir.
Longtemps considérées comme de simples relais associatifs, les fédérations sont devenues des instances d’influence, à la fois garantes de la régulation et moteurs d’une évolution accélérée. Elles fédèrent, organisent, contrôlent et impulsent. Ce quadruple rôle exige cohérence, transparence et vigilance, surtout à l’heure où les pressions extérieures tendent à brouiller les frontières entre ambition personnelle et exigence institutionnelle. Une mutation lente mais irréversible s’opère dans leurs structures.
L’essor du sport business illustre cette transformation. Il a permis de diversifier les sources de financement, professionnaliser les pratiques, renforcer l’attractivité des disciplines. Cependant, il a aussi introduit des logiques concurrentielles, des dérives économiques, des fractures internes. Quand la rentabilité devient le fil conducteur, la tentation du contournement des règles s’amplifie. Les scandales liés aux résultats truqués, au dopage ou à la marchandisation excessive n’en sont que des symptômes visibles.
Face à cette complexité croissante, le regard des chercheurs, nourri d’objectivité et d’engagement, se veut lucide. Il appelle à une réconciliation entre les missions premières des fédérations et les exigences du temps. Il invite à replacer l’humain au centre de l’action, à redonner du sens à l’engagement bénévole, à réaffirmer la fonction sociale du sport dans un monde en perte de repères. Ce travail de fond, amorcé lors du colloque, ouvre une brèche vers un renouveau espéré.