Face à la prolifération de cursus non conformes et à la persistance de diplômes sans valeur légale, l’Ordre des professions médico-sanitaires appelle l’État à restaurer l’autorité réglementaire dans un secteur qu’il juge exposé à de graves dérives, au détriment de la sécurité des patients.
Créé par la loi n°84-010 du 5 décembre 1984, l’Ordre des professions médico-sanitaires (OPMS) est chargé d’encadrer l’exercice des infirmiers, sages-femmes et techniciens médico-sanitaires au Cameroun. Institution de régulation, il veille à la moralité professionnelle, à la conformité des formations et, plus largement, à la protection de la santé publique. C’est au nom de cette responsabilité que son Conseil s’est exprimé, le 18 décembre 2025 à Yaoundé, lors d’un point de presse au ton inhabituellement grave.

L’OPMS y a dressé un constat sans concession de l’état de la formation médico-sanitaire, qualifiant la situation de menace latente pour le système de soins. En cause, la multiplication d’établissements proposant des cursus jugés non réglementaires, ainsi que la délivrance de diplômes qui ne confèrent pas le Diplôme d’État, pourtant seule qualification reconnue pour l’exercice légal des professions concernées. Selon l’Ordre, cette dérive affaiblit la qualité des soins et expose les populations à des risques évitables.

Au cœur des critiques figure la non-application des résolutions issues de la concertation interministérielle entre le ministère de l’Enseignement supérieur et celui de la Santé publique, tenue le 16 août 2024. Malgré l’existence de textes clairs, des diplômes tels que le BTS, le HND ou certaines licences professionnelles continuent d’être délivrés, en contradiction avec le cadre légal en vigueur. Une situation que l’OPMS considère comme un renoncement à l’autorité de l’État.
Pour sortir de cette impasse, l’Ordre défend une ligne de réforme articulée autour de principes qu’il estime non négociables. Il plaide pour une harmonisation stricte des diplômes, excluant tout parcours ne débouchant pas sur un Diplôme d’État reconnu. Il insiste également sur l’intégration complète de la formation médico-sanitaire dans le système Licence-Master-Doctorat, afin de l’aligner sur les standards internationaux. À cela s’ajoute le retour effectif à une double tutelle, confiant l’encadrement académique au ministère de l’Enseignement supérieur et la supervision technique au ministère de la Santé publique, garant du référentiel professionnel. Enfin, l’Ordre réclame la suppression de l’examen national d’aptitude, conçu à l’origine comme une mesure transitoire et dont la prolongation est jugée injustifiée.

Présidé par Moussa Hamadou Satou, l’OPMS appelle désormais les pouvoirs publics à passer du constat à l’action. Il demande la conduite d’un audit interministériel approfondi de l’ensemble des écoles, publiques comme privées, suivi de mesures administratives fermes à l’encontre des structures non conformes. Il souhaite également la publication, avant la fin du premier trimestre 2026, d’un calendrier précis fixant les modalités d’arrimage définitif au système LMD.

L’Ordre rappelle, enfin, que son rôle de régulateur implique une association étroite à chaque étape du processus de contrôle et de réforme. Dans un communiqué aux accents résolus, il prévient qu’aucun compromis ne saurait être envisagé lorsqu’il s’agit de la qualité de la formation et de la sécurité des patients, plaçant l’État face à ses responsabilités dans un secteur vital.
