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Quand la recherche se fait levier de justice sociale : un colloque international sur le genre et la protection sociale à l’Université de Yaoundé II

Dans une salle empreinte de solennité, où se mêlaient conviction académique et engagement citoyen, s’est ouverte ce 24 juillet 2025, à l’Université de Yaoundé II, la première édition du Colloque international « Genre et protection sociale dans les pays en développement : enjeux, défis et opportunités ». Pendant deux jours, chercheurs, praticiens, institutionnels et partenaires internationaux sont conviés à interroger les fractures sociales sous l’angle du genre et à tracer les contours d’un avenir plus équitable.

 

Ce rendez-vous scientifique d’envergure est porté par le Laboratoire de Recherche en Genre et Développement (LRGD) de l’Université de Yaoundé II. Né d’un rêve nourri depuis plus de vingt ans par sa directrice, le Laboratoire, créé par décret rectoral en avril 2023, s’est imposé comme un espace de pensée critique, de production de savoirs situés, mais aussi de formation engagée sur les questions de genre dans une perspective de développement durable. Son ambition est claire : faire du genre non une thématique marginale, mais une clé de lecture transversale pour comprendre et transformer les dynamiques sociales en Afrique centrale.

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Le thème choisi pour ce colloque, consacré à la protection sociale, résonne avec une acuité particulière à l’heure où les pays du Sud affrontent des vulnérabilités multiples et souvent genrées. De la précarité des emplois à l’inégalité d’accès aux soins, de l’invisibilité des travailleuses du secteur informel aux discriminations légales encore persistantes, les femmes, partout, demeurent en première ligne des carences systémiques. Pour autant, ce colloque ne se veut pas un constat de plus, mais bien une plateforme d’échanges et de propositions, entre disciplines, contextes et expériences.

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L’objectif est d’examiner comment les régimes de protection sociale, qu’ils soient contributifs ou non, peuvent soit reproduire les inégalités existantes, soit au contraire devenir des instruments puissants de transformation. À travers des communications originales, des sessions plénières, des études comparatives et des retours d’expériences de terrain, les intervenants – venus du Cameroun, du Mali, du Congo, d’Haïti, du Canada et d’ailleurs – interrogent les politiques publiques, les pratiques institutionnelles, les normes sociales, et les voix marginalisées.

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Les quatre axes de réflexion proposés abordent à la fois les réformes institutionnelles, les régimes contributifs, les systèmes non contributifs, et les mobilisations sociales. Ils permettent de croiser les regards entre universitaires, représentants des Nations Unies, membres d’ONG, acteurs gouvernementaux, journalistes engagés ou militantes féministes. Cette approche croisée et inclusive ouvre un champ fertile d’analyse pour penser des alternatives viables, contextualisées et sensibles aux réalités de genre.

Au cœur des échanges, une conviction commune : aucune politique de développement ne saurait être efficace si elle ignore les rapports sociaux de sexe. Et aucune protection sociale ne saurait être juste si elle ne corrige pas les déséquilibres historiques et structurels qui entravent l’accès des femmes à leurs droits fondamentaux. Le colloque entend ainsi formuler des recommandations concrètes, fondées sur la recherche et le dialogue intersectoriel, pour influer sur les politiques publiques et les pratiques institutionnelles.

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L’ouverture de ces assises a été marquée par la présence de Madame la Ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille, marraine de l’événement, de la Secrétaire Générale de l’Université de Yaoundé II représentant Monsieur le Recteur, ainsi que des représentants du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et de l’Ambassade de France au Cameroun. Tous ont salué l’initiative, soulignant la nécessité de faire de la recherche appliquée un levier de transformation sociale.

Dans un monde traversé par des crises multiples, où l’inégalité semble souvent résister au progrès, ce colloque rappelle qu’il est encore possible de tisser, par la pensée rigoureuse, la volonté politique et l’engagement collectif, une trame plus juste. Le genre n’est pas une parenthèse de la recherche : il en est l’aiguillon. Et la protection sociale, loin d’être un luxe, demeure l’un des fondements d’une démocratie véritablement inclusive.

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