Le 21 juin 2024 restera une date mémorable au sein de la grande famille des architectes du Cameroun. En 50 ans d’existence de cet ordre professionnel, c’est la première fois qu’une prestation de serment se fasse en présence du ministre de tutelle, en l’occurrence le ministre de l’Habitat et du Développement urbain, Célestine Ketcha Courtes, marraine de la promotion Théophile Yimgaing Moyo.
Rassemblés dans la magnifique et somptueuse salle Ongola Samba du Conseil régional du Centre, parents, amis et connaissances ont tenu à être les témoins vivants et partager la joie des récipiendaires qui poussent le premier cri de leur naissance dans le monde des architectes du Cameroun. Ils sont 142 jeunes architectes à rejoindre les rangs de l’Ordre national des architectes du Cameroun (ONAC) conformément aux stipulations pertinentes de l’article 36, alinéa 3 de la loi du 10 août 1990 relative à l’exercice et à l’organisation de la profession d’architecte au Cameroun. En effet, le cadre légal sus-référencé stipule que : « nul ne peut exercer la profession d’architecte au Cameroun s’il n’est inscrit à l’ordre national des architectes du Cameroun ». Au terme de cette cérémonie de prestation de serment, ils deviennent donc des architectes de plein droit, appelés à exercer librement cette noble profession dans le cadre des lois et règlements qui régissent et régulent la vie professionnelle publique et privée du Cameroun. L’éthique, la rigueur, le respect de la confrérie sont les maîtres mots du président du conseil de l’ordre, Jean Christophe Ndongo, dont la volonté d’impulser une nouvelle dynamique à l’Ordre national des architectes du Cameroun n’est plus à démonter. « Grâce à l’expertise dont vous êtes nantis par votre métier, vous aurez désormais la mission de la vigilance dans l’application des règles de l’art dans l’acte de construire » a-t-il souligné ».
Promesse d’un accompagnement indéfectible du MINHDU dans la vie professionnelle.
Tout en louant le mérite d’avoir réussi leur parcours académique au sein des établissements de formation de renom, le ministre de tutelle invite les promus à porter haut les couleurs du Vert-Rouge-Jaune, les couleurs de leur formation et du noble métier qu’est l’architecture. Par ailleurs, elle les invite aussi à transformer la physionomie des villes à travers l’art qu’ils ont embrassé en agissant de manière décisive et déterminée avec des objectifs, mais surtout à faire preuve de patience. Dans le cadre de la mise en œuvre du nouvel agenda urbain pour les villes adoptées en 2016, le MINHDU promet de travailler ensemble avec ces jeunes pour relever les défis de la modernisation urbaine au Cameroun tel que prescrits par la stratégie nationale de développement SND30, la boussole vers l’atteinte des objectifs de développement durables. En guise de conseil, elle leur a demandé de se mettre ensemble pour créer des entreprises privées, des organisations de la société civile professionnelles afin de soutenir ces engagements internationaux et nationaux. À l’ère des nouvelles technologies, Célestine Courtes invite les jeunes à embrasser les innovations qu’offre l’intelligence artificielle pour mieux concevoir les bâtiments et les infrastructures.
Approches architecturales innovantes respectueuses de l’environnement
Une occasion justifiée pour le MINHDU de porter à leur attention les enjeux du développement architectural du Cameroun ainsi que les attentes placées sur l’ONAC en général et sur chacun et chaque architecte en particulier pour atteindre les objectifs de développement durables pour des villes sures, durables, résilientes et inclusives, face aux défis environnementaux, économiques, climatique et techniques. Le Cameroun à l’instar de nombreux pays africains fait face à une urbanisation accélérée qui pose aux gestionnaires des villes tant à l’échelle nationale que locale de nombreux défis parmi lesquels la résorption de l’habitat précaire. Le pays enregistre un gap de plus de 2 millions d’unités de logements abordables et décents. Les bidonvilles sont l’une des caractéristiques dominantes et régulières des centres urbains au Cameroun. Ils sont souvent des lieux d’insécurité, d’informalité, de déficit d’infrastructures, des services de base et de précarité de l’habitat. En outre leur vulnérabilité aux changements climatiques les expose aux risques accrus de catastrophes naturelles. Dans ce contexte difficile, il est plus que jamais urgent de trouver des solutions endogènes et durables pour loger les Camerounais dans le cadre d’un habitat décent. Ainsi Célestine Ketcha Courtes invite les architectes à réfléchir, de partir sur des nouvelles bases aux approches architecturales innovantes qui contribuent à accroître l’offre en logements et surtout dans le cadre des espaces urbains qui favorisent le bien-être, le respect de l’environnement, la sociabilité, l’épanouissement communautaire, le vivre ensemble et le respect de la dignité humaine. Saisissant l’opportunité que lui offre ce moment solennel, le MINHDU invite également les architectes à enrichir la réflexion de l’offre visant à repenser la manière d’aborder l’architecture pour localiser les ODD dans nos villes. Il s’agit donc d’en faire à travers les modèles architecturaux contextualisés de proposer des lieux où les nécessités économiques se conjuguent avec le respect de la nature, des lieux ou les liens sociaux de solidarité et de fraternité peuvent s’épanouir. Il est aussi primordial de proposer des logements sociaux dignes, des circulations bien pensées et des espaces publics paysagers. « L’habitat étant un droit fondamental, nous devons nous assurer que tous nos citoyens vivent dans des conditions descentes et respectueuses de leur dignité. Le gouvernement du Cameroun pour sa part et le ministère de l’Habitat et du Développement urbain dont j’ai la charge en particulier dans le cadre de la mise en œuvre de la vision de modernisation de nos villes, sont mobilisés pour relever avec vous ce défi. Dans cette optique l’Ordre National des architectes du Cameroun apparaît être pour nous un instrument fondamental de la politique nationale de l’habitat ».