Sur les terres éprouvées du Sahel, où les vents portent encore les échos de troubles persistants, une force neuve s’élève. Longtemps perçue comme un chaînon vulnérable, la jeunesse devient flambeau de stabilité et ferment d’espérance. C’est cette mutation du regard qu’honore le Colloque international « Jeunesse, Paix et Sécurité dans le Sahel », organisé du 16 au 18 juin 2025 à Yaoundé, dans l’amphithéâtre de l’Institut des Relations Internationales du Cameroun, en format présentiel et à distance.
Né d’une synergie entre centres d’analyse, institutions universitaires d’Afrique et d’Amérique, réseaux de jeunes et entités partenaires des Nations Unies, le colloque convie experts, stratèges, figures locales et forces montantes à réfléchir ensemble. À travers conférences croisées, dialogues ouverts et travaux participatifs, il questionne la place accordée aux nouvelles générations dans la quête d’un équilibre durable au cœur des tensions sahéliennes.
Ce rassemblement s’inscrit dans le sillage d’un symposium tenu en juin 2024, initié par le Réseau des Jeunes Chercheurs Africains autour des représentations du continent. De cette rencontre est né un souffle collectif, nourri par la volonté d’élever la voix des jeunes dans la fabrique du changement. Plusieurs entités – de l’Université Howard à l’Institut de Saint-Louis, du centre PROSPEREN au Conseil National de la Jeunesse – se sont ralliées à cet élan, épaulées par le bureau camerounais de l’UNFPA et l’équipe du projet SWEDD+.
Le thème de cette édition – « La jeunesse, actrice de paix et de sécurité dans le Sahel : défis et opportunités pour un avenir durable » – traduit une volonté de recentrer les discours, d’amplifier les propositions et de mettre en lumière les talents. Car les jeunes, souvent confrontés aux pièges de l’endoctrinement, aux ruptures sociales ou aux exclusions politiques, portent en eux les germes d’un renouveau fondé sur l’écoute, l’inclusion et la créativité.
La cérémonie d’ouverture, ponctuée par la présence d’ambassadeurs, d’organismes parrains et de membres du gouvernement, a été éclairée par la voix de la Professeure Beatriz Mesa García. Venue de l’Université Internationale de Rabat, elle a livré une leçon magistrale intitulée « Éduquer à la paix dans les contextes de violence : quels savoirs pour quels futurs ? », offrant un socle commun aux différents récits partagés durant ces journées d’échange.
Les thèmes abordés touchent les réalités concrètes du terrain : conséquences de l’instabilité sur la jeunesse, stratégies communautaires de résistance, transmission des enjeux sécuritaires, violences liées au genre, emploi du numérique dans les actions citoyennes, politiques d’ouverture inclusive. L’événement vise, en conclusion, à bâtir une feuille de route, à fédérer des acteurs, et à esquisser des recommandations aux structures régionales.
Sous les discours et les initiatives s’exprime une certitude : aucune transformation réelle ne peut émerger sans l’ancrage des jeunes dans les processus de paix. Le colloque de Yaoundé ne se limite pas à un cadre académique ; il trace une voie entre urgence d’engagement et promesse d’un horizon façonné par la justice, la cohésion et la mémoire active.