La salle de conférence du cercle municipal de Yaoundé a servi de cadre à des échanges constructifs le 9 mai 2024, lors de la « Table Nationale de la Paix » à l’initiative de Reach Out, une organisation non gouvernementale. Cette conférence soutenue par le Haut-Commissariat du Canada au Cameroun s’inscrit en droite ligne de l’agenda « Femmes, Paix et Sécurité » de l’ONU, afin d’assurer une meilleure participation des femmes dans les processus de paix et les processus politiques.
Face aux nouveaux enjeux nationaux et internationaux, la mise en place d’un véritable leadership féminin est nécessaire pour garantir une paix durable et pérenne. La table ronde organisée par Reach Out sous la houlette de la présidente Esther Omam Njomo a permis de mettre en relief une réalité : en dépit du soutien exprimé par les organisations internationales, les femmes demeurent sous-représentées dans les négociations de paix officielles ou n’y sont invitées que comme de simples figurantes. Elles sont surtout présentes pour négocier la paix au niveau communautaire, se concentrant plus sur les relations humaines et la conciliation au niveau local, car elles sont souvent perçues comme moins menaçantes et sans rôle politique prédominant. Ce qui n’est pas reconnu comme une compétence de médiation et pose problème en matière de leadership. Or, la corrélation entre la participation des femmes et la durabilité de la paix est avérée. Lorsqu’elles siègent à la table des négociations, les accords de paix ont 35% de chances en plus de durer au moins 15 ans. Leur rôle est donc essentiel. Les femmes sont au cœur des questions de paix et de sécurité car elles subissent de plein fouet les guerres et les conflits. Face à ceux-ci les femmes leaders se mobilisent, créent des associations, militent, interpellent les instances locales ou internationales. Elles remettent en cause les règles du jeu diplomatique traditionnel fondé sur la notion de pouvoir et de domination militaire, et montrent qu’elles sont porteuses de stratégies innovantes pour les processus de paix. Elles peuvent offrir une contribution pour créer des sociétés plus inclusives, cohésives et résilientes.
La Haut-Commissaire du Canada, Lorraine Anderson a salué l’initiative et a exhorté les participantes à saisir l’opportunité offerte par Reach Out pour leur permettre de réduire leur vulnérabilité sur plusieurs plans. Sur un autre volet, ces échanges ont permis de renforcer les connaissances des femmes sur le leadership, leur présence dans les sphères de prise de décision ainsi que leur autonomisation, non seulement comme droits humains fondamentaux, mais aussi comme éléments essentiels pour un développement inclusif, équitable et durable.
Le 31 octobre 2000, le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte la résolution 1325 « Femmes, Paix et Sécurité ». Cette résolution reconnaît l’impact des conflits armés sur les femmes et les filles et œuvre pour la pleine participation de celles-ci aux accords de paix. C’est une étape cruciale qui représente un mouvement pionnier pour le leadership des femmes dans la résolution des conflits. Le 9 octobre 2020, à l’occasion du 20e anniversaire de l’adoption de cette résolution, Antonio Gutteres, Secrétaire général des Nations Unies déclare : « Aujourd’hui le leadership des femmes une cause. Demain, il doit être une norme. C’est ainsi que nous transformerons la paix et la sécurité internationale».