Les questions relatives à l’humanisation des centres de détention au Cameroun ont récemment fait l’objet d’une conférence de presse animée par le consortium constitué du Réseau Camerounais des Organisations de Droits de l’Homme (RECODH), d’Avocats Sans Frontières Cameroun et d’Avocats Sans Frontières France. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’un débat plus large sur les réformes du système pénal camerounais, en particulier après l’introduction de la loi du 12 juillet 2016 portant réforme du Code pénal.
L’un des éléments clés de cette réforme a été l’adoption des peines alternatives, comme le travail d’intérêt général et la sanction-réparation, en remplacement de l’emprisonnement ou de l’amende. Toutefois, plus de cinq ans après l’adoption de ces mesures, les acteurs judiciaires et les défenseurs des droits humains déplorent l’incapacité des juridictions à appliquer ces sanctions. La cause de ce retard réside dans l’absence d’un décret d’application, prévu par l’article 26 alinéa 2 du Code pénal, qui est censé clarifier les conditions d’application de ces peines alternatives.
Dans ce contexte, le RECODH et Avocats Sans Frontières Cameroun ont organisé un colloque intitulé « Défi de l’accès à la justice et de la mise en œuvre des peines alternatives au Cameroun », dans le but d’explorer des solutions pratiques pour faciliter l’accès à la justice pour les personnes en détention. Ce colloque vise également à formuler des recommandations concrètes au gouvernement camerounais pour la mise en œuvre effective des peines alternatives, dans le but de réduire le recours à la détention provisoire, notamment pour les délits mineurs.
Les experts réunis lors de cette rencontre ont pour objectif de créer un environnement juridique propice à la prise en charge des personnes vulnérables et de réduire la surpopulation carcérale. Ces discussions s’inscrivent dans le cadre du projet RECAJUD (Renforcement des capacités de la société civile camerounaise pour l’accès à la justice des personnes en détention), lancé en juin 2020. Ce projet a déjà permis des avancées notables, en particulier la prise en compte des droits des détenus, en particulier des personnes issues des couches les plus vulnérables.
Cette initiative vise à désengorger les prisons camerounaises, qui, selon les données de la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés, étaient surpeuplées à hauteur de plus de 30 000 détenus au 31 décembre 2017, soit bien au-delà de leur capacité d’accueil, estimée à 17 815 places. En conséquence, des réformes juridiques et des pratiques plus humaines en matière de détention sont plus que nécessaires pour garantir un système pénal juste, équitable et respectueux des droits humains.