En prélude à la journée internationale de la femme, la Mairie de Yaoundé 1er a accueilli la toute première rencontre de réflexion inclusive. Au rang des panélistes, Caroline Mveng présidente du Réseau des jeunes féministes d’Afrique centrale, Jacqueline Ebongue promotrice de l’entreprise Assomo teinture du textile, Inès Tatiana Ntsama consillère en communication. Les échanges modérés par Belock Estelle chargée Genre et plaidoyer à Défenseurs sans frontière ont permis de mieux appréhender le sujet et d’en dégager les enjeux.
L’influence des Femmes défenseurs des droits de l’homme (FDDH) et du mouvement féministe de défense des droits fondamentaux est plus forte que jamais partout dans le monde. Les actions menées par les FDDH, de par leur nature même, contestent les structures du pouvoir patriarcal, les normes sociales délétères et les rôles stéréotypés des hommes et des femmes. En raison de leur identité et des causes qu’elles défendent, ces personnes continuent d’être la cible d’agressions, de menaces, de poursuites pénales et même d’homicides, malgré les engagements pris à plusieurs reprises par la communauté internationale afin de renforcer leur protection. L’une des raisons étant le retour sur le devant de la scène des «valeurs traditionnelles» et des discours antiféministes qui tendent à redéfinir et à affaiblir des avancées obtenues de haute lutte à travers le monde, notamment sur les violences faites aux femmes, l’autonomisation de la femme et l’accès à l’éducation, piliers du leadership féminin. Fort de ce constat, Défenseurs sans frontière, une organisation de la société civile, compte jouer sa partition en instituant un cadre de discussion et de réflexion régulières sur les actions des FDDH et les conditions des femmes au Cameroun, exposer les enjeux d’une symbiose entre toutes les FDDH, indépendamment de la spécialité. Un travail de sensibilisation sur la nécessité, voire l’urgence de changer les comportements vis-à-vis des femmes et de leurs défenseurs. Dans ce sillage, il a été opportun pour cette première édition de marquer un temps d’arrêt sur le leadership féminin et d’en décortiquer les obstacles et les opportunités. Selon le coordonnateur exécutif de Défenseurs sans frontière, « l’objectif général de l’activité était de discuter des difficultés actuelles des femmes et de leurs droits particulièrement ceux des FDDH dans le contexte actuel ».
Les femmes africaines ne cessent de forger un leadership efficace dans divers domaines d’intervention au prix de multiples sacrifices, afin d’impulser une nouvelle dynamique dans le grand chantier de la renaissance de l’Afrique. En effet, elles rencontrent de nombreux obstacles, dans le secteur agricole, celles qui veulent s’adonner à l’exploitation et à la mise en valeur des terres sont souvent confrontées à deux contraintes majeures : le problème d’accès à la terre, au crédit et un manque d’encadrement. Elles éprouvent aussi des difficultés à établir des réseaux, l’un des obstacles reliés à ce réseautage est la propension de certaines femmes au concept de « reine des abeilles », il s’agit de celles qui ayant réussi, ont tendance à fermer la porte derrière elles, étant peu favorables à ce que d’autres femmes les rejoignent dans la voie de la réussite. L’analphabétisme des femmes et le faible taux de scolarisation des jeunes filles sont aussi un frein à leur potentiel leadership. Même si ce taux de scolarisation s’est amélioré au cours de ces dernières décennies, on note le décrochage scolaire de nombreuses jeunes filles lié aux grossesses et aux mariages précoces.
A ces obstacles, s’ajoute le manque de temps résultant du volume important des travaux domestiques réservés, en général à la femme africaine. La contrainte qui en découle est la difficulté à maintenir l’équilibre et à concilier la vie familiale et la vie professionnelle surtout dans les sociétés africaines urbaines et celles des diasporas. Les pressions et les violences conjugales ainsi que les contraintes socioculturelles qui inhibent l’autodétermination des femmes ne sont pas en reste. Pour venir à bout de ces maux la sensibilisation pour une plus grande justice sociale doit être de mise, tout en gardant en tête que la femme africaine n’a pas besoin d’être l’antagoniste de l’homme mais plutôt sa complémentaire qui disposerait cependant d’un minimum d’autonomie. La transformation des rapports que les femmes africaines entretiendront avec leur environnement social et culturel déterminera leur responsabilité dans l’avenir de la société africaine de demain.
EM