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Butterfly Association-Quand la culture façonne les liens : une journée pour éveiller les consciences au féminin

L’association Butterfly a inauguré sa première activité annuelle le 8 mai sous le sceau de la transmission culturelle et du développement personnel. Intitulée Héritage culturel et éveil créatif, vecteurs du mieux-être des familles africaines à l’ère de la mondialisation, cette journée a réuni divers publics autour d’un objectif commun : renforcer les structures familiales en s’appuyant sur les richesses ancestrales.

Placée sous le thème Le rôle de la femme en afroculture, l’initiative a proposé une immersion dans les traditions africaines à travers des ateliers interactifs : fabrication de bijoux, exposition de peintures, séances de henné. Ces activités ont servi de passerelles entre expression artistique, exploration identitaire et dialogue communautaire.

En guise d’introduction, la présidente de l’association a retracé le parcours de Butterfly, actif depuis quatre ans. Originellement engagé dans la sensibilisation aux enjeux sanitaires féminins tels que le cancer du sein ou l’endométriose, le collectif a peu à peu élargi sa mission. Consciente que la santé mentale mérite autant d’attention que le bien-être physique, l’association investit désormais l’espace culturel, convaincue que la connaissance de soi passe aussi par la mémoire collective.

Invité d’honneur de la rencontre, l’anthropologue François Bingono Bingono, écrivain reconnu et figure emblématique des savoirs traditionnels, a ouvert la discussion par un hommage aux ancêtres, symbole d’humilité et d’ancrage. Pour lui, toute action trouve son sens dans la reconnaissance de ceux qui nous ont précédés. À travers un exposé passionné, il a invité les participants à revisiter les fondements de la société africaine, au prisme de la langue, de la spiritualité et de la symbolique du féminin.

Son propos a débuté par une critique vigoureuse de l’usage systématique des langues coloniales. Selon lui, la revitalisation des idiomes autochtones est essentielle pour toute entreprise de reconquête identitaire. Il a ainsi suggéré de nommer les initiatives culturelles avec des termes issus des langues locales, affirmant qu’un mot, porteur d’âme, peut incarner une vision.

L’intervenant a ensuite partagé une vision singulière de l’histoire humaine, affirmant que l’Afrique, berceau de l’humanité, a nourri l’émergence des autres civilisations. À travers une lecture anthropologique des âges, il a rappelé que la mélanine, matrice de l’identité noire, s’estompe sous certaines latitudes, sans pour autant effacer l’origine primordiale du vivant.

Au cœur de sa réflexion, la place de la femme dans la structure sociale africaine a été longuement explorée. Dans la conception traditionnelle, l’enfant occupe l’échelon initial, suivi de la femme, protectrice de la vie, puis de l’homme, détenteur de la force physique. Au sommet, figure l’« humain », catégorie d’exception réservée aux êtres dont les actes transcendent les rôles ordinaires.

Il a également souligné que les sociétés africaines anciennes reposaient sur une hiérarchie fondée sur le mérite, non sur le genre. Une femme, un homme, un enfant pouvaient accéder à la reconnaissance en fonction de leur contribution au bien commun. Loin des logiques actuelles de confrontation, ces sociétés valorisaient l’efficacité, la solidarité et la complémentarité.

La femme, au sein de cette dynamique, jouait un rôle central. Chargée de l’éducation, elle transmettait les premières connaissances à travers la langue maternelle, première voix entendue par l’enfant. L’orateur a rappelé que la crise éducative actuelle trouve en partie son origine dans la démission de ce rôle structurant. Il a alerté sur les dérives liées à la délégation excessive des responsabilités maternelles, notamment dans les milieux urbains.

Pour conclure, le conférencier a souligné que la femme demeure la fondation de la société. Par elle, les nations prennent forme. Investir dans sa valorisation culturelle, c’est construire un avenir enraciné dans les valeurs de respect, de transmission et d’élévation. Cette journée, articulée autour de la mémoire, de la créativité et du dialogue, aura permis à chacun de renouer avec les essentiels.

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