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Réparer de l’intérieur : une causerie éducative pour repenser la justice envers les femmes africaines survivantes

À l’occasion de la 63e Journée de la Femme Africaine, l’ONG Margherita Holistic Health Center a convié partenaires institutionnels, responsables associatifs et invités engagés à une causerie éducative tenue à la Fondation Tandem Muna. L’événement s’inscrivait dans la dynamique du thème continental : « Faire progresser la justice sociale et économique pour les femmes africaines à travers les réparations ». Fidèle à sa mission, l’organisation a décliné ce sujet en mettant l’accent sur la prise en charge holistique des survivantes, considérée comme un impératif de justice, mais surtout comme un acte de restauration humaine. 

Cette rencontre a donné lieu à une réflexion collective sur la définition même du terme « survivante » et sur les mécanismes susceptibles de lui offrir une véritable réparation. Comment soigner les blessures invisibles ? Qui en porte la responsabilité ? Comment restaurer un équilibre intérieur souvent ébranlé par les épreuves ? Autant de questions qui ont traversé les échanges, avec pour point d’ancrage une conviction forte : la vraie réparation commence à l’intérieur et par soi-même.

Malgré les avancées institutionnelles remarquables observées ces dernières décennies – lois promulguées, mécanismes de protection instaurés, représentativité accrue des femmes dans les sphères politique, économique, religieuse ou militaire – les réponses demeurent parfois incomplètes. Les structures évoluent, mais la société reste marquée par des inerties culturelles. Et surtout, les blessures silencieuses échappent souvent à la réparation formelle. Face à cela, l’ONG M2HC rappelle que toute élévation extérieure est vaine sans enracinement personnel. Une ascension privée de sens devient solitude ; une victoire déconnectée de la guérison intérieure laisse place au vide.

Dans cette perspective, la prise en charge holistique, telle que promue par M2HC, dépasse les approches classiques. Elle vise à accompagner la femme dans toutes les dimensions de son être : mentale, émotionnelle, spirituelle, relationnelle, professionnelle. Elle n’efface pas son identité sociale ni ses titres, mais les intègre dans un processus de restauration complet, qui redonne sens à son parcours et profondeur à ses engagements. Car on ne répare pas seulement un corps ou une situation, on restaure une personne, avec son histoire, ses failles et ses forces.

L’ONG affirme avec force que la femme ne peut être réduite au statut de bénéficiaire passive. Elle est l’artisane de sa propre résilience. Les institutions, les familles, les communautés, les églises jouent un rôle, certes essentiel, mais leur mission est de créer des environnements propices, des repères sûrs, un climat favorable à la transformation. C’est en cela que réside le véritable accompagnement : non dans le faire à la place de, mais dans le faire avec.

En ce jour symbolique, le message résonne comme un appel : rien n’est jamais définitivement brisé. Tant qu’il reste un souffle, il existe une voie pour se reconstruire. L’espoir renaît dans la parole partagée, dans la conscience collective qu’une douleur surmontée peut devenir point d’ancrage pour une autre. C’est dans cette solidarité lucide que germe la justice, celle qui libère, répare et relie.

À travers cette causerie, Margherita Holistic Health Center offre bien plus qu’un espace de dialogue. Elle ouvre un chemin. Celui d’une réparation consciente, enracinée, incarnée. Une justice qui ne se mesure pas seulement à ce que la femme obtient, mais à ce qu’elle redevient : une actrice debout, maîtresse de sa trajectoire, vivante pleinement.

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