L’engouement et le succès de la promotion 2022, ont fait de ce coup d’essai un coup de maître. A titre de remerciement et d’encouragement, le Comité de langue et culture Nguiemboon a décerné respectivement à l’Honorable Manfouo David parrain de la promotion, une distinction d’honneur, à Serge Theo Atanga président du comité technique d’organisation, par ailleurs promoteur de l’émission Ngiemboon sur les ondes, une reconnaissance, ainsi qu’à Piata et Lepala Séverin. Les partenaires techniques en l’occurrence l’Association Camerounaise pour la Traduction de la Bible et l’Alphabétisation (CABTAL) et la SIL ont marqué l’évènement du 10 décembre 2022 de leur présence.
Le déracinement et la perdition commence par la perte de la langue maternelle. Cette tendance à l’acculturation est catalysée par des phénomènes tels que l’exode rural, l’urbanisation croissante et le désintéressement des parents. Ces maux n’épargnent pas le Ngiemboon, une langue bantou du « grassfield », parlée dans le département des Bamboutos, notamment dans les groupements Bangang, Batcham, Balatchi, Bamougong, la sous-chefferie Batang dans le groupement Bamété et dans le département de la Menoua, principalement dans le groupement Balessing. Dans son propos liminaire l’Honorable Manfouo David a relevé que « c’est à dessein que nous avons placé nos différents mandats de députés de la nation sous le signe du développement intégral de l’homme et de la collectivité. Dans la poursuite de cette œuvre de développement entreprise, enracinons cette autre idéal qu’est la valorisation et la promotion de nos langues, pierre angulaire de notre riche patrimoine culturel ».
La vulgarisation de l’apprentissage de la langue Ngiemboon au sein des communautés de Yaoundé concourt à cet objectif. Programmée pour six mois, la promotion « honorable Manfouo David » a marqué un temps d’arrêt à mi-parcourt pour faire un rendu en termes de maitrise de : la phonétique, la ponctuation, la grammaire et l’alphabet segmental du Ngiemboon composé de 24 consonnes et 8 voyelles. Ce satisfecit n’est pas le fait du hasard, les moniteurs ont donné́ le meilleur d’eux-mêmes pour être en phase avec la vision du parrain de la promotion, « Je compte sur la rigueur et le bon suivi des moniteurs pour faire de cette promotion, le socle granitique de ce projet, afin que, et c’est mon vœu le plus cher, les apprenants d’aujourd’hui, bien formés, se perfectionnent au quotidien pour devenir les moniteurs de demain ». Par ailleurs elle a bénéficié de son soutien constant via la dotation d’une gamme de livres de 5000F à chacun des 85 apprenants.
Eu égard des résultats engrangés, le parrain de la promotion a solennellement lancé l’opération 1000 inscrits à partir de l’année prochaine. « Qui dit merci en redemande encore », le comité technique d’organisation CTO tout en exprimant sa gratitude a égrainé un chapelet de doléances pour pérenniser le projet notamment, le soutien pour l’ouverture à Yaoundé d’une chaine de radio internationale où la langue d’expression sera exclusivement le Ngiemboon, l’achèvement des 03 mois de formation restants afin que les plus réceptifs se lancent aussi sur le terrain de l’enseignement et le parrainage d’une nouvelle vague. Dans cet élan de vulgarisation de la langue Ngiemboon, le CTO bénéficie aussi de l’appui d’autres partenaires au rang desquels l’entreprise TIOF qui a gratifié le parrain de la promotion et les récipiendaires d’un tissu pagne de l’entreprise et d’une tenue de sport et bien d’autres présents.
Les groupements ci-dessus relevés où se parlent la langue Nguiemboon couvrent une superficie de plus de 260 km2, avec une population estimée à plus de 250.000 habitants. C’est une population dynamique, entreprenante et courageuse qui a longtemps cherché à préserver sa langue qui, au jour le jour, est utilisée par une proportion toujours plus faible de sa jeunesse qui vit aujourd’hui dans un contexte multilingue avec une domination des langues étrangères. Pendant beaucoup d’années, diverses personnalités Ngiemboon ont essayé d’élaborer une orthographe pour écrire leur langue de manière cohérente. Au courant des années soixante, un commerçant nommé Fouafang David publiait chaque année un calendrier de poche, fondé sur la semaine ngiemboon qui compte huit jours, utilisant une orthographe composée exclusivement des lettres de l’alphabet français.
Au début des années soixante-dix, l’auteur de ce précis d’orthographe étudia la phonologie du Ngiemboon et proposa une orthographe en accord avec l’alphabet générale des langues Camerounaises. Depuis ce moment, cette orthographe initiale a été révisée de diverses manières (ex. : Anderson, 1987) et présentée dans sa forme la plus actuelle dans ce guide d’orthographe. Après qu’une orthographe acceptable eut été mise en place, d’autres articles linguistiques et des matériels didactiques ont été produits dans cette langue.
E.M