Placée sous le parrainage du Conseil national de la consommation, la Semaine nationale de la consommation s’est déroulée cette année sous le sceau d’une urgence : celle d’élaborer une véritable stratégie nationale de protection du consommateur. Dans cette dynamique, l’Association pour la Protection du Consommateur (Asoproc) a réuni autour d’une même table les acteurs majeurs du secteur – représentants des mouvements consuméristes, syndicats, chefs d’entreprises – afin de mener une réflexion profonde et concertée sur les défis et perspectives de cette cause essentielle. À ces échanges nourris se sont ajoutées des activités sportives et récréatives, offrant à l’édition 2024 un éclat particulier.
Depuis 1983, la communauté internationale célèbre chaque 15 mars la Journée mondiale des droits des consommateurs sous l’impulsion de Consumer International. Au-delà du simple respect de la tradition, cet événement est pour Asoproc une tribune de sensibilisation et de revendication : informer les citoyens sur leurs droits et devoirs, dénoncer les abus du marché et les inégalités sociales qui les menacent, et exiger une protection effective des consommateurs. C’est aussi un symbole de solidarité, un rendez-vous annuel où se dessinent des engagements forts autour d’un thème spécifique.
L’intelligence artificielle, entre promesses et périls
À l’ère du numérique omniprésent, où l’intelligence artificielle façonne nos quotidiens, la Journée mondiale des droits des consommateurs revêt une importance capitale. Le thème retenu cette année, « Intelligence artificielle juste et responsable pour les consommateurs », invite à une réflexion sur les opportunités et les dangers que recèle cette révolution technologique. L’histoire de l’humanité s’écrit désormais avec des machines capables de traiter des quantités colossales d’informations, d’apprendre, de s’adapter et même d’interagir avec nous. Elles promettent des avancées spectaculaires en matière de santé, d’éducation, de justice et d’environnement. Pourtant, cette intelligence façonnée par l’homme porte en elle des paradoxes : si elle peut libérer, elle peut aussi asservir ; si elle peut éclairer, elle peut également tromper.
Car derrière ces prouesses, se dessinent des défis éthiques et des risques sociaux majeurs. L’IA peut façonner les choix individuels et collectifs, influencer la vie politique, accentuer les fractures économiques et bouleverser le marché du travail. Elle peut aussi exacerber les inégalités, fragiliser les libertés fondamentales et impacter l’environnement. Le progrès, aussi fulgurant soit-il, ne saurait être aveugle. Il appartient aux citoyens d’en définir les limites et d’en exiger une gouvernance éthique et responsable.
Un combat pour une consommation saine et équitable
Cette année, la commémoration de la Journée mondiale des droits des consommateurs s’inscrit dans une période de jeûne pour les communautés chrétiennes et musulmanes. Pourtant, c’est aussi le moment où prolifèrent les pratiques commerciales les plus douteuses : invasion des marchés par des produits impropres à la consommation, absence de normes et de traçabilité, hausse injustifiée des prix des denrées essentielles. Face à ces dérives, les droits des consommateurs, inscrits dans la loi-cadre 2011/012 du 12 mai 2011 au Cameroun, doivent être réaffirmés avec force : droit à la sécurité, à l’information, au choix, à la justice, et à un environnement sain.
Asoproc, dans son engagement pour un cadre de consommation plus sûr et plus juste, interpelle les pouvoirs publics et les citoyens à travers plusieurs recommandations : Renforcer la coopération entre les structures de veille et les services de contrôle et de répression. Encourager la culture de la dénonciation des produits dangereux ou contrefaits. Exiger une qualité irréprochable des biens et services, en responsabilisant producteurs, transformateurs et commerçants.
Pour donner corps à ces ambitions, Asoproc entend nouer des partenariats stratégiques avec les entreprises et impliquer les collectivités territoriales dans ce combat essentiel. Forte de deux années d’existence, l’association s’impose déjà comme un trait d’union entre consommateurs et pouvoirs publics, un rempart contre les abus, et une voix qui porte l’exigence d’un marché plus équitable.
La consommation est l’un des actes les plus quotidiens de nos vies. Mais elle est aussi un droit, un choix et une responsabilité. Dans un monde en mutation, où les défis économiques et technologiques redéfinissent sans cesse nos repères, la vigilance et l’action collective demeurent nos plus précieuses garanties.