Le 3 octobre 2024, la salle de convivialité du Musée National a été le théâtre d’une cérémonie marquante, honorée par la présence du ministre des Arts et de la Culture, Bidoung Kpwatt, et de son homologue du Tourisme et des Loisirs, Bello Bouba Maigari. L’événement célébrait la publication du dernier ouvrage de Daniel Nadjiber, un opus captivant qui met en exergue la lutte et la richesse culturelle du peuple Mbum.
Cet ouvrage, structuré en deux parties distinctes mais d’égale profondeur, s’impose par sa densité et sa pertinence. La première partie plonge le lecteur dans l’histoire tumultueuse des Mbum, peuple résilient ayant dû faire face à des décennies d’oppression et de tentatives d’assimilation orchestrées par l’autorité islamo-peule. Ces violences, décrites avec force par l’auteur, incluent des pratiques génocidaires, des changements imposés de patronymes, l’islamisation forcée, ainsi que des sévices et injustices multiples. Daniel Nadjiber restitue, avec une rigueur historique, la mémoire d’un combat pour la survie, rappelant les récits des patriarches Mbum. Ce témoignage devient ainsi un véritable acte de résistance littéraire et mémorielle.
La seconde partie de l’ouvrage se veut un hymne à la civilisation Mbum. À travers l’analyse des croyances, des adages et des pratiques culturelles, l’auteur met en lumière l’organisation sociale et l’essence civilisationnelle de ce peuple, trop souvent méconnu. Il invite à la valorisation de cette richesse patrimoniale et éducative, qu’il considère comme une clé pour une renaissance locale et continentale.
Les réflexions de Daniel Nadjiber s’inscrivent dans un cadre plus large, évoquant le combat des panafricanistes pour la résilience et le relèvement de l’Afrique. Par une analogie frappante, l’auteur souligne l’importance des racines culturelles locales dans la construction de l’avenir du continent. La transmission des héritages ancestraux, qu’il qualifie de « testaments », est selon lui une condition indispensable pour bâtir une Afrique affranchie des séquelles de l’esclavage et de la colonisation.
Le professeur Pascal Bekolo, présent lors de la cérémonie, a salué la profondeur de cet ouvrage, le qualifiant de pionnier dans ce qu’il suggère d’appeler « le genre testamentaire ». Ce livre, au-delà de son caractère historique, se veut aussi un appel à la communauté scientifique, en particulier aux chercheurs et historiens des peuples autochtones appelés « Kirdi », pour qu’ils explorent davantage ces mémoires et identités souvent reléguées au second plan.
Par cet ouvrage, Daniel Nadjiber redonne voix à une histoire étouffée, tout en ouvrant une voie vers une réappropriation culturelle et identitaire. Son travail rappelle avec force que la renaissance africaine commence par une réhabilitation des racines locales, dans une démarche où mémoire et transmission se rejoignent pour construire l’avenir.
Note de lecture du Pr.Charles Romain Mbele
Note de lecture du Pr.Pascal Bekolo
Mot de Lucas Kamdem
Mot du postfacier Kampoer Kampoer
Mot de l’auteur, Daniel Nadjiber
Mots du ministre du Tourisme et des Loisirs, Bello Bouba Maigari et du ministre des Arts et de la Culture, Bidoung Kpwatt