Jean-Baptiste Bokam, figure emblématique de la scène politique camerounaise, s’est éteint à Yaoundé, aux alentours de 19 heures, des suites d’une brève maladie. Ancien secrétaire d’État à la Défense chargé de la gendarmerie et ancien ministre des Travaux publics, il laisse derrière lui le souvenir impérissable d’un serviteur de l’État dévoué.
Dès l’annonce de son décès, une vague d’émotion a submergé ses proches. Parents, collaborateurs, amis et personnalités se sont spontanément rassemblés, dans la nuit de mardi, à sa résidence du quartier Minkan. L’absence déjà palpable de ce pilier de la République pesait lourdement dans l’atmosphère. Le silence pesant des grandes douleurs était parfois interrompu par des sanglots déchirants, témoins d’une tristesse indicible.
Dans les esprits, le film d’une vie marquée par l’excellence défilait. Né le 10 octobre 1951 dans le Haut-Nyong, Jean-Baptiste Bokam a brillamment gravi les échelons de la méritocratie. Après une scolarité au petit séminaire Sainte-Thérèse de Mvolyé, il poursuivit des études universitaires à Yaoundé, où il obtint une licence en sciences économiques. Sa soif de savoir le conduisit en France, où il décrocha un DESS en sécurité sociale à Saint-Étienne et un DEA en sciences économiques à Lyon.
Fort de cette solide formation, il entama une carrière prometteuse à la CNPS avant de rejoindre la sphère gouvernementale. À seulement 36 ans, le 16 mai 1988, il fut nommé ministre du Travail et de la Prévoyance sociale. En avril 1992, il se vit confier le portefeuille stratégique des Travaux publics et des Transports, puis fut reconduit à ce poste en novembre de la même année, un mandat qu’il occupa jusqu’en décembre 1997.
Après une période de retrait, il revint en 2006 comme secrétaire d’État à la Défense chargé de la gendarmerie nationale. Il marqua son passage par des initiatives mémorables, notamment la « gendarmerie de proximité » et une lutte acharnée contre l’insécurité routière. Jusqu’en 2018, il laissa une empreinte durable dans le corps de la gendarmerie.
Libéré de ses fonctions ministérielles, il se consacra à ses responsabilités de président du conseil d’administration de la BICEC et à sa carrière politique au sein du RDPC, où il était reconnu pour sa maîtrise des proverbes en langue Maka. Loyal jusqu’au bout au président Paul Biya, il mesurait la chance d’avoir servi son pays à de si hauts niveaux.
À 72 ans, Jean-Baptiste Bokam s’en est allé, laissant derrière lui une multitude d’admirateurs inconsolables. Sa mémoire demeure vivante, portée par le souvenir d’un homme d’État exceptionnel, rappelé à Dieu, mais jamais oublié.