Dans le cadre de la Journée mondiale des zoonoses, célébrée cette année sous le thème « Synergie d’actions pour la lutte contre les zoonoses prioritaires endémiques selon l’approche Une Seule Santé », le Programme national de prévention et de lutte contre les zoonoses émergentes et réémergentes (PNPLZER), en partenariat avec la Plateforme Une Seule Santé du Cameroun et avec le soutien de Breakthrough ACTION, a organisé une conférence à Yaoundé, le jeudi 6 juillet. Cette rencontre a réuni des universitaires, des représentants d’administrations et de programmes de santé, des acteurs de la société civile et des blogueurs, dans l’objectif de sensibiliser sur certaines zoonoses dites négligées ainsi que sur la résistance aux antimicrobiens (RAM).
Les zoonoses, maladies transmissibles entre les animaux et les humains, restent un défi de santé publique majeur. La grippe aviaire, la rage, la variole du singe ou encore Ébola figurent parmi les plus connues, mais d’autres, moins médiatisées, nécessitent également une attention particulière. À l’échelle mondiale, 13 zoonoses seraient responsables de plus de 2 millions de décès chaque année.
Selon Dr. Élisabeth Dibongue, secrétaire permanente adjointe du programme zoonoses du Cameroun, certaines maladies comme la rage et la variole du singe sont particulièrement suivies dans le pays, où elles font l’objet d’interventions multisectorielles. Cependant, d’autres zoonoses, moins connues du grand public, méritent d’être mises en lumière. « L’objectif de cette édition est de sensibiliser sur ces maladies dites négligées, telles que la brucellose ou la tuberculose bovine. » Elle rappelle également l’importance des mesures de prévention, notamment le respect des règles d’hygiène : « Il est essentiel de bien se laver les mains après tout contact avec des animaux ou des produits d’origine animale et de signaler tout décès suspect d’animal, en particulier en milieu rural. »
L’augmentation des maladies zoonotiques est en grande partie attribuée aux pressions exercées sur l’environnement : déforestation, exploitation de la faune sauvage, extraction des ressources naturelles et changement climatique. Ces facteurs modifient profondément les écosystèmes, favorisant ainsi l’émergence et la transmission de nouvelles maladies. Ces transformations influencent également les agents pathogènes. L’évolution des bactéries, virus, champignons et parasites contribue au développement de la résistance aux antimicrobiens (RAM), compliquant le traitement des infections et augmentant les risques de propagation et de mortalité.
Depuis 2012, le Cameroun a adopté la Stratégie Nationale « Une Santé », qui repose sur une collaboration entre les secteurs de la santé humaine, animale et environnementale. Dans ce cadre, le pays a identifié dix zoonoses prioritaires, parmi lesquelles la trypanosomose, la salmonellose, la brucellose et la tuberculose à Mycobacterium bois. En 2018, un Plan d’action national de lutte contre la RAM a également été mis en place pour répondre aux défis posés par la résistance aux traitements antimicrobiens.
La Journée mondiale des zoonoses, célébrée chaque 6 juillet, commémore une avancée scientifique majeure : le 6 juillet 1885, Louis Pasteur administrait pour la première fois un vaccin contre la rage à un enfant mordu par un chien, une découverte qui allait révolutionner la médecine vétérinaire et humaine. Aujourd’hui, cette journée mobilise chercheurs, institutions gouvernementales et organisations non gouvernementales à travers le monde, avec un objectif commun : renforcer la lutte contre les zoonoses et promouvoir une approche intégrée de la santé pour mieux protéger les populations.