Guiguess Éditions célèbre la Journée internationale de l’écrivain africain à Yaoundé.
Le 7 novembre 2024, l’Institut Français du Cameroun à Yaoundé s’est transformé en théâtre des mots et des consciences. À l’occasion de la Journée internationale de l’écrivain africain, Guiguess Éditions y a présenté l’œuvre théâtrale Le Procès de Jean Didier Nwaha, dans une ambiance empreinte de gravité et d’inspiration. La cérémonie de dédicace s’est tenue en présence du directeur de la maison d’édition, M. Gaya Esau, offrant au public une immersion dans les méandres de la justice et des réalités sociales africaines.
À travers cette tragicomédie dense et percutante, l’auteur explore les arcanes d’un système judiciaire perverti, en mettant en scène Loghibeng, un fonctionnaire des douanes injustement écroué à la prison de Mbock Lon. Enfermement arbitraire, confrontations avec un régisseur inflexible, prises de conscience aiguës : l’univers carcéral devient le miroir d’une société où l’équité chancelle. Par le biais d’un humour corrosif, Jean Didier Nwaha interroge les fondements d’une justice vacillante, tout en dessinant les contours d’une Afrique en proie à ses propres contradictions.
Divisée en trois actes rythmés par des scènes intenses, la pièce met en lumière les déviances du pouvoir judiciaire, dénonçant sans détours les compromissions, les abus d’autorité, les pressions occultes et les figures corrompues qui gangrènent les institutions. Le procès de Loghibeng face à Aladji Mahamat n’est qu’un simulacre, un jeu de rôles dont l’issue est scellée d’avance. Dans ce huis clos dramatique, la folie devient le dernier refuge d’un homme acculé, contraint de simuler l’aliénation pour survivre à l’injustice.
Au-delà du théâtre, Le Procès questionne la maturité d’une société africaine tiraillée entre modernité et archaïsmes. Jean Didier Nwaha y esquisse des pistes de réflexion, convoquant psychologie et critique sociale pour évoquer les mécanismes de soumission, de mimétisme et de dépendance qui freinent l’émancipation collective. L’Afrique y est présentée comme un être encore en gestation, à la recherche de repères dans un monde globalisé où se croisent traditions et aspirations nouvelles.
Né le 10 janvier 1959 au Cameroun, Jean Didier Nwaha est une voix singulière de la scène littéraire africaine. Ancien Inspecteur Principal des Affaires Sociales, il a exercé dans plusieurs administrations, du Ministère de l’Éducation de Base à celui de l’Environnement. Retraité depuis 2014, il poursuit aujourd’hui son engagement à travers l’écriture. Après L’Héritage, œuvre en deux volumes publiée en 2017, il revient avec Le Procès, une pièce qui conjugue satire, lucidité et espérance, au service d’une Afrique qui se regarde enfin dans le miroir de ses propres vérités.