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Artistes d’ici et d’ailleurs : quand la fortune se joue à double vitesse

L’année dernière, une légende du grand écran mondial nous a quittés : Alain Delon s’est éteint à 88 ans. Au même moment, à des milliers de kilomètres, une figure emblématique du petit écran camerounais, Mamie Ton, se battait pour sa survie dans un hôpital. Non seulement en détresse de santé, mais également sans ressources, au point de ne pouvoir financer ses soins. Ce contraste criant invite à une réflexion sur la place de l’art dans nos sociétés : un métier qui, ailleurs, fait vivre, mais qui, chez nous, semble souvent synonyme de précarité.
Lorsque Alain Delon est mort, ce fut une vague d’émotions, un torrent de compassion. Le monde entier saluait un homme qui incarna une époque, une esthétique, et une fascination pour le septième art. À 7 000 kilomètres, lorsque Mamie Ton fut hospitalisée en urgence, il y eut aussi de l’émotion, mais teintée d’un drame social. Il fallut organiser des collectes pour venir en aide à cette femme. Pourtant, Mamie Ton, à sa manière, est une star : elle a conquis un public avec son style unique, son humour mordant, et son caractère inimitable. Mais ici, le parallèle s’arrête : Alain Delon, icône internationale, a vécu dans une aisance matérielle incontestable, tandis que Mamie Ton, elle, dépend d’une intervention étatique pour couvrir ses soins.
Cette juxtaposition soulève une question fondamentale : parlons-nous du même septième art ? Ce qui, ailleurs, offre gloire et prospérité semble, chez nous, être une voie pavée de souffrances. La situation de Mamie Ton n’est que le dernier exemple d’une misère qui frappe trop souvent les hommes et femmes de l’art. Andy Warhol disait : « Gagner de l’argent est un art. » Alain Delon l’a prouvé, mais les artistes camerounais, eux, peinent encore à trouver la recette pour allier succès et sécurité financière.
Certes, pour Mamie Ton, une intervention d’urgence de l’État a permis une prise en charge. Mais ce geste isolé ne résout pas les problèmes structurels. Les artistes locaux ne peuvent plus se contenter de crier à l’abandon des pouvoirs publics : il leur faut inventer un modèle viable, résilient. Comme le disait Shakespeare : « Ils donneraient toute leur renommée pour un pot de bière et de sécurité. »
Alors, que retenir de ce parallèle entre Alain Delon et Mamie Ton ? Une exhortation, avant tout : chacun doit bâtir sa fortune, et cela est particulièrement vrai dans le domaine artistique. Si les trompettes de la renommée résonnent souvent avec des cachets conséquents, elles s’accompagnent aussi, bien souvent, d’une gestion rigoureuse et d’une économie avisée. Selon un proverbe italien, « La fortune a pour main droite l’habileté et pour main gauche l’économie. »
Il s’agit là d’un appel à la résilience. Mais il faut aussi reconnaître que chaque terrain impose ses propres règles du jeu. Les artistes camerounais doivent trouver la voie qui leur permettra non seulement de créer, mais aussi de vivre dignement de leur art.

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